Album MADELYN ANN - " Nevez-amzer "
NoPo
MADELYN ANN Nevez-Amzer
En 2016, Robin Foster (an englishman in Camaret) invite une jeune femme à chanter en breton 'Running Up That Hill' ce qui donne 'Gant Ma C'helljen'.
La fille, du même coin, adore Kate Bush, moi aussi.
Elle chante donc en breton, moi non plus... mais ça ne m'empêche pas d'aimer ses chansons.
Même si son grand-père a vécu à Kergloff près de Carhaix, Madelyn vient d'un autre bout du monde, Cherbourg, chez nos chers amis normands.
Elle s'est mise au breton... par amour... du breton... mais pas jusqu'à tomber dans le trad!
Sa musique respire la modernité électro-pop colorée sans aucune correspondance avec le vêtement blanc, ancien, qu'elle porte sur la pochette (photographie Morgan Labbé).
On avait adoré l'EP "War-Vor" récompensé par le prix de la création musicale en langue bretonne 2021, voir ici
J'avais écrit "L'hirondelle annonce le printemps avec 'Nevez-Amzer'", après le passage de l'artiste à Zef & Mer. On m'a rétorqué "Une hirondelle ne fait pas le printemps".
Le premier titre sent pourtant le parfum d'une nouvelle saison et l'herbe coupée fraichement. On pourrait presque entendre les oiseaux chanter dans les arbres.
'Fiñv' ('Bouge', pas le solaar 'bouge de là') incite donc à sortir de sa tanière avec sa mélodie pleine d'euphorie. Le chant, solaire, baigne dans l'allégresse.
Les claviers fleurissent sur un lit rythmique ondulant. On ne peut que bouger, voir voler, le visage ouvert par un sourire béat.
Une voix, au loin, vient se poser sur 'Roz' et se renforce.
Une basse caoutchouteuse accompagne les percussions d'abord discrètes avant l'arrivée, toute aussi rebondissante, d'un fond de grosse caisse (pas à fond la caisse).
Le clavier déverse des notes entêtantes. La voix de fée nous entraine comme par magie.
Le titre sort en clip, capté sur la Pauline lors de la fête des vieux gréements de Paimpol.
Ce n'est pas la couleur de la mer, plutôt celle de la tendresse. 'A qui vais-je donner mon cœur?' s'interroge-t-elle (la Madeline pas la Pauline!)
'Bevezhin' démarre au piano / voix tel une comptine ou une espèce de kan ha diskan revu et corrigé.
Sur le refrain, des éclairs de guitare viennent se greffer propulsant une bouffée d'oxygène à la tête.
La mélancolie, par une boucle au clavier, plane sur cette plage exhumant des craintes 'Nous allons manger la planète'.
Et voici un arpège lumineux à la guitare pour éclairer le chemin de 'Ganit'(avec toi). Puis la cadence, sautillante, prend le dessus.
Des fingersnaps sur les couplets alternent, délicatement, avec la batterie qui cogne, sur le refrain, dans le même élan que le 'Waterfront' des Simple Minds.
Après un passage chuchoté, l'orchestration se renforce pour filer par une belle vigueur avant de s'évanouir.
Une corde pincée lance 'Kant Milden' ('100000 hommes') et le chant s'y accroche. La batterie balance un motif captivant au fin doigté.
L'arpège, plus loin, se transforme et se répète en broderie cristalline saillante.
Ce petit air gothique (aux paroles tristement poétiques sur la destruction de la planète) sillonne le morceau, saisissant.
Madelyn Ann, Chant
Olivier LE HIR guitares, piano, synth, programmations
Gaëtan FAGOT basse, synth, piano, programmations, chœurs
Brendan COSTAIRE batterie, percussions
Musiciens additionnels Niciolas Moreau et Pierre Le Gac
1- Fiñv
2- Roz
3- Bevezhiñ
4- Ganit
5- Preizh
6- Chom ennon
7- Tad
8- Nevez-Amzer
9- Kant Milden
10-Dour
Enregistré par Eric Cervera et Gaetan Fagot
Mixé par Pierre Le Gac
Mastérisé par Benjamin Joubert