Je n'ai pas trop l'habitude de vous parler de mes lectures dans ce blog, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs ... est-ce peut-être parce que je ressens un livre lu comme un territoire plus personnel et intériorisé qu'un film vu sur grand écran, donc moins propice au partage? je ne sais pas.En tout cas, il y a un début à tout, et là j'ai envie de vous parler d'un très beau roman de Mário de Carvalho dont je viens de terminer la lecture: 'A sala magenta'.Je l'ai lu dans sa version originale, c'est-à-dire en portugais, et j'ignore s'il existe déjà une traduction en français. Mais je suis heureux de pouvoir savourer ce texte tel que l'auteur l'a composé, dans une langue raffinée, exigeante et pourtant accessible, si tant est qu'on se donne un peu de peine. 'A sala magenta' brosse le portrait d'un cinéaste portugais, Gustavo Miguel Dias, auteur de 2 ou 3 films intellos au succès très confidentiel. Victime d'une agression, Gustavo se retrouve immobilisé, la jambe plâtrée, sous les soins attentifs de sa soeur Marta. Le temps et la convalescence s'étirent, Gustavo ressasse son passé, ses histoires sentimentales, en particulier sa relation avec la mystérieuse Maria Alfreda. Il fait le constat amer et désabusé de sa vie, de ses amours et de sa carrière.Il n'y a pas d'événements à proprement parler dans ce livre, juste un va-et-vient magistralement agencé entre le passé et le présent d'un personnage qui prend conscience de sa médiocrité et qui s'y conforme, tout en redécouvrant les qualités de sa soeur et l'amour dont elle l'entoure.'A sala magenta' est une oeuvre envoûtante, mélancolique, écrite au scalpel, terriblement juste. Avec cette peinture d'un être désenchanté qui ne croit plus en lui-même et qui se laisse dériver, Mário de Carvalho nous offre une profonde méditation sur l'insignifiance de la vie, de l'art, des apparences. Le propos est certes un brin démoralisant, mais c'est vraiment superbement écrit. Je n'ai d'ailleurs pas cessé de lire et relire encore certains passages. Même maintenant, après avoir atteint la dernière page, je retourne en arrière, pour le plaisir de replonger dans certaines descriptions.