La Ruta (Saison 1, épisodes 1 et 2) : berceau de l'électro en Espagne dans les années 80

La musique électronique a toujours eu une place de choix en Espagne. Que cela soit sur la côte ou à Ibiza depuis de nombreuses années. Le fait qu'une série s'intéresse à son essor dans le pays entre 1983 et 1993 est une excellente nouvelle. A la fois car j'adore la culture musicale électro mais aussi car il y a un vrai potentiel narratif derrière. Roberto Martín Meiztegui (L'autre côté, Take Away) et Borja Soler (Antidisturbios, Mindanao) reconstruisent cette époque avec un vrai souci du détail qui inspire à la fois nostalgie et plus encore. La force de cette série ce n'est pas seulement la musique mais aussi la mise en scène particulièrement énergique et toutes les idées qui en découlent. La Ruta, qui se traduit en français par " la route " retrace donc le destin de plusieurs personnages dans la région de Valence. Plus qu'une série musicale, La Ruta est avant tout un drame familial sur une jeu esse pleine d'indécision. La construction narrative de la série a beau être parfois étonnante, elle n'en reste pas moins pleine d'énergie.

La Ruta del Bakalao était une zone légendaire en Espagne. De 1983 à 1993, les boîtes de nuit s'alignaient entre la ville côtière de Valence et les plages du sud du pays. La série dépeint le parcours d'une bande d'amis qui souhaite se faire une place en tant que DJ sur cette scène nocturne pour le moins originale.

Car La Ruta est réussie. Pas seulement dans le décorum qu'elle offre aux spectateurs mais aussi dans l'écriture et la création de personnages complexes avec autour d'eux une histoire au ton relativement tragique. La musique est forcément très présente à travers le rôle de DJ de Lucas Ribo puis de son frère Marc Ribo avec toutes ces boites de nuit qui donnent leurs noms aux épisodes : Puzzle, etc. La Ruta raconte cette jeunesse qui s'abandonne en boîte de nuit qui, sur la piste ou dans les toilettes, parvient à oublier sa vie monotone et les familles qui les ont opprimés. Ce voyage teinté de nostalgie nous plonge donc dans la fameuse époque de la movida Valencia. La Ruta c'est aussi le passage à l'âge adulte d'une génération représentée par ce groupe d'amis avec de la musique techno et forcément... beaucoup de drogue. Carlos Marques-Marcet (10 000 km, The Days to Come), plutôt habitué au cinéma prend le pari de passer aux séries et c'est réussi. Visuellement sa mise en scène permet d'apporter un petit plus au récit.

Le mouvement de Valence prend alors un nom en 1983 : Ruta Del Bakalao. C'est un nom inventé lors d'une rencontre entre DJ espagnols. Et la musique de l'époque, avant gardiste, était qualifiée de bonne morue (d'où bakalao). Les différents styles en vues se concentrent sur la techno et la musique électro. La Ruta c'est une histoire de destin, de chercher sa place dans un monde qui est en train de naître (et qui va éclore). La série reprend énormément d'éléments de l'époque et notamment ces fameux clubs de Valence. Ce n'est pas facile de représenter la nostalgie mais force est de constater que La Ruta fonctionne.

Note : 7.5/10. En bref, une plongée nostalgique dans la naissance d'un mouvement électro à Valence en Espagne.

Diffusée en avant première lors du Festival Séries Mania 2023