Le feuilleton du dimanche: La petite fille qui voulait savoir (3/5)

Par Pandora

Résumé des épisodes précédents : Amélie est une petite fille qui s’est prise de passion pour les fées qu’elle rêve maintenant de rencontrer. Elle aimerait en effet poser une question. Après une longue attente due à un mouvement social, elle reçoit enfin leur réponse : rendez vous ce soir à minuit avec la fée des carottes pour un voyage au pays des fées…

La journée a été interminable. Après de longues hésitations, Amélie a choisi de ne rien dire à sa meilleure amie Coralie, les fées ont été claires dans leur lettre et elle ne voudrait pas rater le rendez-vous parce qu’elle na pas su tenir sa langue. Elle a rangé dans sa poche la petite lettre orange dont elle vérifie régulièrement la présence pour se rassurer. Il va sans dire que vue sa concentration, les résultats de la dictée du matin seront probablement décevants…

La soirée est encore plus terrible, elle feuillette distraitement un de ses livres sur les fées en demandant sans cesse l’heure à sa mère, au point de manquer de se faire punir… Et c’est enfin l’heure du coucher, 20h30, il reste encore plus de 3 longues heures à attendre. Elle va chercher son réveil qu’elle règle à 24 heures, pour le cas où elle s’endormirait, et le cache sous la couette en espérant que cela atténuera suffisamment le bruit pour que ses parents ne l’entendent pas. Elle se met finalement à réviser un peu dans son encyclopédie des fées pour ne pas être totalement ignorante quand elle arrivera au pays des fées. Ce ne serait pas très poli ! Elle éteint et se retourne quand elle entend ses parents monter l’escalier pour venir se coucher, sourit quand ils viennent l’embrasser l’un après l’autre, puis rallume doucement la lumière quand elle ne les entend plus. Il est 23h30, dans 20 minutes, elle se faufilera doucement pour aller à son rendez-vous. Comment doit-elle s’habiller ? Elle n’y a même pas pensé, elle ne peut quand même pas venir en pyjama quand les fées sont vêtues de si belles robes. Finalement, elle enfile les habits de la journée …

Tenant la lampe de poche qu’elle a subtilisée dans le tiroir de la cuisine, elle sort doucement dans le couloir. Il est 23h50, elle allume la torche et descend doucement les marches de l’escalier, évitant adroitement la 8ème marche, celle qui grince. Elle ouvre la porte sans faire de bruit et se dirige vers le potager où elle voit scintiller dans l’air une petite lumière orangée, dont l’éclat s’intensifie à mesure qu’elle s’approche. Saperlipopette, c’est une fée, la fée des carottes, elle est déjà arrivée. Amélie s’élance aussi vite qu’elle le peut vers les plantations de tomates.

-   Te voilà enfin Sophie, j’ai failli me tromper de lieu de rendez-vous tant ces plantations sont déprimantes. Qui entretient ce potager ?

-   Je m’appelle Amélie, pas Sophie ! C’est papa, pourquoi ?

-   Et bien Marie, tu lui diras qu’aux pays des fées, on lui couperait la tête pour sa négligence. Il n’arrose jamais le jardin ? C’est de la pure maltraitance !

-   Je m’appelle Amélie !

-   Oh, vous, les humains avec vos prénoms, je ne m’en sors plus. Bon, allons-y avant d’être en retard. Prépare-toi à partir, Stéphanie…

Amélie ne peut s’empêcher d’avoir un léger mouvement de recul quand la fée des carottes dirige sa baguette vers elle, mais déjà, sous l’effet du sort, elles sont aspirées dans un tourbillon de couleurs. Amélie a l’impression que la fée grandit à ses côtés (mais en fait c’est bien sûr elle qui devient de plus en plus petite), et quand finalement toutes les deux ont la même taille, elles atterrissent doucement sur le sol, jonché de gros champignons multicolores creusés de portes et de fenêtres. Les plus petits ont des toits recouverts de plumes mais certains champignons, plus gros, sont recouverts de paillettes argentées qui brillent d’une lumière aveuglante. On distingue un peu plus loin, creusées à flanc de collines, des grottes dont la partie supérieure laisse passer des nuages de fumées rose, jaune et bleue qui se réunissent en un panache arc en ciel. Des escargots géants à la coquille dorée tirent des chariots de fruits et de graines. A côté d’eux, gardés par des fées tout de noir vêtues et à l’allure sévère, des lézards harnachés de protections de cuir traînent des coffres transparents contenant des pierres précieuses et des diamants. Et telles de magnifiques papillons, des fées volent majestueusement dans les allées. Si Amélie reconnait certaines des fées de son encyclopédie, d’autres lui sont par contre complètement inconnues. Elle est ainsi fascinée par une fée aux ailes diaphanes, toute blanche, tant sa peau et ses cheveux que ses vêtements. Toutes ces fées portent des robes plus magnifiques les unes que les autres et Amélie a un regard désolé sur ses vêtements ; la fée des carottes le remarque, et, d’un coup de baguette, l’habille d’une magnifique robe jaune. Comme Amélie la fixe d’un air ébahi, la fée des carottes lui sourit en lui disant :

-   Bienvenue au pays des fées Julie. Suis-moi, nous devons aller chez la reine des fées qui veut te parler. Sais-tu que c’est un grand privilège, nous n’accueillons que très rarement des petites filles ici, mais ta lettre a ému la reine. Ne la faisons surtout pas attendre, je ne tiens pas à la mettre en colère et à être rétrogradée en dresseuse de scorpions bélier ou je ne sais quoi de pire…

- La reine des fées ? Je vais rencontrer la reine des fées ?

- Oui Mélanie, je te l'ai dit, la reine en personne veut s'occuper de toi. Tu as beaucoup de chance.... Ou pas ! Dépêche-toi de me suivre.

Et la fée des carottes s’envole. Amélie essaie de lui dire d’attendre, mais alors qu’elle essaie de courir pour la rattraper, elle sent qu’elle s’élève dans les airs.

-   Je vole, c’est merveilleux ! lance-t-elle en la rejoignant.

-   Pff, il suffit de vouloir pour pouvoir. Dans la limite du raisonnable bien sûr, la fée des comptes veille au grain.

Elles passent devant des arbres merveilleux aux fruits dorés ressemblant à des grappes de raisin mais poussant sur des branches, devant des parcs aux fleurs minuscules dont les parfums les enchantent au passage, devant des enclos où des mini-licornes blanches courent en liberté. Elles arrivent au pied d’un monticule sur lequel est bâti un bâtiment très étrange, de forme pyramidale tout en verre de couleur. C’est le palais royal devant lequel des fées guerrières veillent.

Les gardes ont été prévenues de leur venue, aussi Amélie et la fée des carottes entrent dans le palais sans que personne ne les arrête, et elles traversent de longs couloirs ornés de tableaux vivants représentant toute la lignée des fées antiques qui les contemplent sévèrement et commentent leur passage depuis l’intérieur de leur cadre. Elles débouchent enfin sur une vaste salle richement décorée dans laquelle une douce musique un peu irréelle fait vibrer les murs et est visible. On voit la musique !

Amélie regarde partout autour d’elle, émerveillée, sans se rendre compte que la pièce est soudain devenue silencieuse et que tous les regards sont fixés sur elle.

Du fond de la salle, une voix puissante s’élève, sévère :

-   Te voilà enfin Amélie, tu nous as fait attendre...

Et la fée des carottes, l’air terrifié, s’aplatit par terre en une drôle de révérence, laissant Amélie faire face, seule, à la redoutable reine des fées…

 
La suite dimanche prochain...