La revue Décharge et les éditions Gros Textes font paraître quatre fois par an les petits livres de la collection « Polder » – deux au printemps et deux en automne.
J’ai apprécié celui de la poète Hélène Miguet, intitulé Comme un courant d’air, qui montre une vivacité dans le maniement des mots et une façon de jongler avec les images qui réveille l’esprit et qui parait très entraînante.
Ce recueil est paru en novembre 2022 et c’est le Polder numéro 195.
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J’avais déjà publié sur ce blog, il y a longtemps (2013), des poèmes sur le thème de la passante – répartis sur deux articles – et je vous en donne les liens pour rappel :
Premier Article – Deuxième Article –
Comme vous le voyez, Hélène Miguet se situe par ce thème dans une longue tradition héritée des romantiques, mais sa vision de la passante est tout à fait contemporaine, personnelle et renouvelée.
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Page 29
Nous sommes de ce monde où tout passe
les anges le temps les voitures tunées
et même les femmes
elles sont le sillage des villes
évanescence faite charme
ou parfum
et si rien de tout cela
un peu d’entêtement
né de l’écume d’un trottoir
elles passent et laissent dans leur sillage
une empreinte légère qu’elles ne connaissent
pas
parfum de nuages volé au temps
ce peu de traces n’est au fond
qu’une façon de s’effacer
suavement
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Page 32
Passantes
pâles éternellement hantées
par les heures citadines
si vite transparentes que la ville les
oublie
mangées par une rue de brume
un soir tombé trop tôt sur un quai noir
alors fantômes élancés
elles en perdent la tête
se diluent
n’emportant avec elles qu’un réverbère au côté
gauche
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