"La trajectoire des gamètes" : une histoire de famille(s)

Par Filou49 @blog_bazart
dimanche 19 mars

Cela faisait un moment que l'idée trottait dans la tête de Cécile Covès : celle de raconter son histoire à travers un spectacle. Pour créer La Trajectoire des Gamètes, elle s'est confiée à la plume de Laura Léoni - qui semble avoir parfaitement épousé les contours et les nuances de cette histoire - et la livre cinq soirs par semaine aux spectatrices et spectateurs de la Manufacture des Abbesses, dans une mise en scène de Morgan Perez.

                                                                            

Pendant une heure, Cécile Covès va nous parler famille(s). 

Elle a été rêvée et conçue par deux femmes, sa maman et Élisabeth, alias Babette. Elle a ensuite grandi une famille recomposée avec des demi-frères et sœurs, sur lesquels cet homme qu'elle devait appeller « papa » exerçait une autorité de fer. Son histoire de famille(s), elle va la raconter à 36 ans à sa psychologue, en même temps qu'à nous, spectatrices et spectateurs, au moment où elle entreprend de faire un don d'ovocytes pour que d'autres puissent donner la vie.

À elle seule, elle va interpréter bien des personnages - qu'elle arrive à formidablement bien différencier, grâce à leur manière de se tenir, de parler - en commençant par sa mère, ses yeux pétillants et sa tendance à dégainer Doliprane en supo et coquillettes comme remèdes à tous les bobos de la vie. Puis, Babette avec sa voix rauque et sa cigarette accrochée au bout du doigt. Tout en se mettant elle-même en scène. Des personnages secondaires comme sa professeure de danse, qui la considérait pire qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Et toujours avec la même douce malice, la même bienveillance : celles qui font qu'on s'attache nous aussi aux personnages de sa vie.

On ne va pas vous raconter toute la vie de Cécile, car elle le fait bien mieux que nous. On suppose que vous viendrez la découvrir jusqu'au 15 avril - on espère en tout cas que cette chronique vous donnera envie de le faire.

La mise en scène met en lumière trois moments phares du récit de Cécile, à travers trois rideaux qui constituent les uniques décors de ce spectacle. Elle déambule de l'un à l'autre, au gré d'anecdotes parfois accompagnées de ces mélodies qu'on entend presque que sur Nostalgi, avant de venir se placer devant la scène, marquant ainsi le retour au présent.

C'est un seule-en-scène qui m'a, pour ma part, cueillie par cette sincérité, cette sensibilité, cet humour qui fait mouche - vous ne vous attendrez pas à certaines punchlines, décochées comme des flèches dans la cuisse de la bienséance et du bon sens. Cette volonté de montrer les multiples définitions et schémas possibles autour de la maternité, de la paternité.

Un dernier mot et non des moindres, sur l'interprétation de Cécile Covès qui arrive à revivre pour nous cette histoire. Elle est évidemment touchante au-delà des mots. Passer du rire aux larmes, voilà une expression bien galvaudée, mais ici, bien appropriée.

Allez-y !

La trajectoire des gamètes jusqu'au 12 avril du mardi au samedi à 19h à La Manufacture des Abesses 7 rue Véron, 75 018 Paris