L'édito du dimanche : Swiatek, Sabalenka, Rybakina ou le Big Three du tennis féminin

Depuis le début de la saison, chaque jour qui passe nous ramène vers ce qui semble une évidence : trois joueuses sont en train de prendre résolument le pouvoir sur le circuit WTA. Après le Big Four du tennis masculin (Federer, Nadal, Djokovic, Murray), voici le Big Three version féminine avec dans les rôles principaux Iga Swiatek, Aryna Sabalenka et Elena Rybakina. Le premier acte du Sunshine Double, qui s'achève ce week-end à Indian Wells, est le révélateur d'une ère débutant à peine, au cours de laquelle les trois joueuses précédemment citées pourraient bien se partager la plus grosse part du gâteau dans les Grands Chelems restant à jouer ainsi que les prochains tournois WTA 1000.
La finale qui oppose ce dimanche Aryna Sabalenka à Elena Rybakina dans l'écrin californien posé en plein désert est tout sauf une surprise. Non seulement cela confirme le niveau exceptionnel affiché par les deux joueuses, seules à pouvoir contester pour le moment la suprématie d'une patronne fragilisée, mais cela préfigure sans doute de ce que beaucoup attendent depuis plusieurs années, à savoir le retour d'une certaine stabilité sur le circuit professionnel féminin. La biélorusse et la kazakhe, encore jeunes toutes les deux (vingt-quatre et vingt-trois ans respectivement), ont à leur disposition les outils nécessaires pour marquer l'avenir de leur empreinte. Quasi injouables en étant bien réglées au service, avec un insolent pourcentage de points remportés sur première balle depuis le début de l'année (74,6% pour Sabalenka dont 102 aces, 75,9% pour Rybakina dont 116 aces, certes loin des 144 aces de Caroline Garcia), les récentes finalistes de l'Open d'Australie sont devenues l'incarnation des attaquantes de fond de court des temps modernes bien qu'il faille apporter ici une nuance les différenciant, Sabalenka ayant un jeu plus à risque que Rybakina, cette dernière ayant une approche peut-être plus méticuleuse, s'inscrivant dans un travail des angles qui tranche complètement comparé au jeu plus à plat de la biélorusse. Une différence que cette dernière paie cher par un nombre affolant de doubles fautes, soixante depuis que la saison 2023 a commencé, alors que Swiatek, à titre de comparaison, est à seulement treize et Rybakina trente-deux. 
La polonaise aux trois titres du Grand Chelem est une incontestable numéro une mondiale. Elle l'a de nouveau démontré à Doha le mois dernier en étant à chaque fois punitive avec les adversaires qu'elle a rencontrées. À cela s'ajoute son exceptionnelle année 2022 ponctuée par une série d'invincibilité durant laquelle elle a littéralement piétiné la concurrence. Cependant, et c'est là que les choses deviennent intéressantes pour la suite, Iga Swiatek n'en demeure pas moins humaine. À Indian Wells, elle est restée imperturbable jusqu'en demi-finales, en demeurant fidèle à sa filière de coup droit dévastateur qui produit tant de dégâts. Puis, ce fut l'éclipse face à Rybakina avec une lourde défaite 6/2 6/2 pour la patronne, qui affiche une faiblesse plus que flagrante lorsque sa première balle est défaillante ou lorsqu'elle se fait contrer sur son meilleur coup. C'est en appliquant avec beaucoup de justesse cette tactique que Rybakina, dont l'imperturbabilité est un atout majeur, a pu piétiner la numéro une au point d'en faire son encas. C'est d'ailleurs avec succès que la joueuse kazakhe avait déjà appliqué ce plan presque infaillible quand elle avait dominé la polonaise en deux manches en huitièmes de finales du dernier Open d'Australie. Swiatek sait donc le travail qu'elle va devoir fournir (si ses petites blessures récurrentes ne la perturbent pas) afin de contenir la déferlante qui arrive. Le retour prochain de la terre battue, sa surface à priori favorite (même s'il reste encore le WTA 1000 de Miami au programme), sera un autre révélateur intéressant. 
Après quatre échecs consécutifs en 2022 contre la numéro une mondiale, dont un en demi-finales de l'US Open, Aryna Sabalenka était enfin parvenue à trouver la faille en battant sa rivale la même année aux Masters féminins. Depuis, la native de Minsk a quelque peu modifié son approche en travaillant beaucoup son service, souvent trop perfectible, et surtout en apprenant à être plus patiente dans l'échange, même si elle a conservé un plan d'attaque basique en étant agressive en fond de court. Ce n'est donc que fort logiquement que ses efforts ont été récompensés à Melbourne où elle remportait en janvier dernier son premier titre du Grand Chelem. Ce dimanche, elle tentera face à Elena Rybakina de gagner le treizième titre de sa carrière, le troisième cette saison, avec en plus la possibilité d'aligner une dix-huitième victoire depuis le début de l'année, pour une seule défaite. C'est la deuxième fois en l'espace de quelques semaines que les deux joueuses s'affrontent en finale et sans doute pas la dernière. En quatre face à face, Aryna Sabalenka a toujours battu la kazakhe mais, à chaque fois au prix d'un effort prolongé en trois sets. Si Iga Swiatek redevient régulière et sûre de sa force, imaginez l'impact de ces trois joueuses sur le WTA Tour. On ne peut que savourer d'avance leurs futures confrontations.