Il y a exactement une semaine jour pour jour se déroulait la traditionnelle remise des Oscars, aux États-Unis, récompense ultime du cinéma en Amérique du Nord.
Principalement les États-Unis se récompensant entre eux.
Non je ne discuterai pas des gagnants/gagnantes qui auraient dû/qui auraient dû ne pas gagner et ainsi de suite. Futile. Toujours.
Mais je peux vous parler du segment
In Memoriam, qui rend hommage aux gens de l'industrie disparus l'an dernier. Chaque fois, comme sur un plateau de film, au scénario, au montage, partout dans la vie, on doit faire des choix. Et souvent on omet des disparu(e)s pourtant jugés important(e)s par plusieurs.
Cette année m'a semblée généreuse en oublié(e)s.
9 m'ont vite sauté aux yeux et pourtant, je ne connais vraiment pas tout le monde.
Mais leur absence des absents avait presque tous, une certaine explication.
Énumérons d'abord et rapellons-nous:
Paul Sorvino
Italo-Américain, il a été surtout connu pour son rôle de Paulie Cicero dans l'excellent Goodfellas de Martin Scorsese, rôle inspiré par Paul Vario. Il était aussi le père de Romeo dans l'infâme Romeo & Juliet de Baz Luhrmann (que je ne supportes pas, vous l'aurez compris). Imposant physiquement, il était principalement connu pour des rôles secondaires, dans A Touch of Class, Reds, The Rocketeer, Nixon dans la peau d'Henry Kissinger ou dans The Cooler. Il avait un premier rôle dans Bloodbrothers, en 1978, qui n'est pas un mauvais film. Il était père de l'acteur/producteur Micheal Sorvino et de la somptueuse oscarisée Mira Sorvino. Il avait ému à cette même cérémonie en pleurant toutes les larmes de son corps de voir sa superbe fille avec une statuette sur scène, en 1996. Paul est décédé en juillet dernier à l'âge de 83 ans.
Anne Heche
Au privé, femme extrêmement agitée, elle en est aussi décédée de manière prématurée. Ça en faisait pas moins une actrice. Elle a joué dans I'll Do Anything de James L.Brooks, Wild Side de Donald Cammell, Donnie Brasco de Mike Newell, I Know What You Did Last Summer de Jim Gillespie, Wag the Dog de Barry Levinson, Six Days, Seven Nights de Ivan Reitman, Psycho de Gus Van Sant, John Q. de Nick Cassavettes, avant de trouver la mort bêtement dans un accident de voiture brutalement en août dernier, à l'âge de 53 ans.
Leslie Jordan
Il était principalement humoriste, mais a aussi joué dans pas moins d'une quarantaine de films, dont Jason Goes to Hell: The Final Friday, Goodbye Lover de Roland Joffe, The United States VS Billie Holiday. Victime d'un malaise au volant, en octobre dernier, sa voiture a embouti un édifice le tuant à l'âge de 67 ans.
Robert Blake
Commençant enfant, Blake a joué dans des films des années 30 à nos jours.
Little Rascal, enfant mexicain dans
The Treasure of the Sierra Madre, Enrique dans
The Tijuana Story, Honeyboy dans
The Purple Gang, Simon dans
The Greatest Story Ever Told, Sidney dans
This Property is Condemned, Perry dans
In Cold Blood, Willie Boy dans
Tell Them Willie Boy is Here,
Corky dans le film du même nom, Mystery Man dans
Lost Highway, il est décédé à l'âge de 89 ans. L'animateur Jimmy Kimmel a fait un gag (noir) en ouverture en invitant le public à voter afin de savoir si il devrait être honoré ou non. Plus là dessus, plus loin.
Gilbert Gottfried
Humoriste au style controversé, il était Sidney dans
Beverly Hills Cop II, Johnny Crunch dans
The Adventures of Ford Fairlane, Mr Peabody dans
Problem Child et sa suite, L'instructeur de gym dans
Look Who's Talking, Hitler dans
Highway To Hell, la voix de Lago dans
Aladdin,
The Return of Jafar et
Aladdin & The King of Thieves, Dr.Spleen dans
Funky Monkey, Abraham Lincoln dans
A Million Ways To Die in The West. Il est décédé à 67 ans d'une tachycardie ventriculaire, condition qu'il avait caché à pas mal tout le monde.
Fred Ward
Débutant au cinéma avec
Escape From Alcatraz, en 1979, Il sera de
Silkwood, de
The Right Stuff,
Backtrack FORMIDABLE dans la peau d'Henry Miller dans
Henry & June de Phillip Kaufman, très bien dans
Miami Blues aussi, sera de
The Player,
Bob Roberts et
Short Cuts, trois excellents films, de
The Naked Gun 33 1/3: The Final Insult et de
Sweet Home Alabama pour ne nommer que ceux-là. Ward est décédé à 79 ans. D'une probable dégénération du cerveau puisqu'il a demandé de porter attention aux maladies cérébrales avant de mourir.
Cindy Williams
Cindy a joué dans 22 films entre 1970 et 2020. Elle a entre autre joué dans American Graffiti de Georges Lucas et sa suite, 6 ans plus tard, dans le sous-estimé mais fameux The Conversation de Françis Ford Coppola. Elle a aussi joué avec Harry Dean Stanton et Fred Ward dans UFOria. Elle a lutté contre la maladie avant de mourir, à 75 ans.
Tom Sizemore
Tom a fait ses débuts avec Cindy Williams dans Rude Awakening, en 1989. Il était de Blue Steel qui mettait en vedette Jamie Lee Curtis, honorée dimanche dernier d'un Oscar. Il était de Point Break, Passenger 57, True Romance, Natural Born Killers, Strange Days, Heat, The Relic, Saving Private Ryan, Enemy of the State, Bringing Out The Dead, Get Carter, Pearl Harbor, Black Hawk Down, The Intruders & C.L.E.A.N. Il est décédé d'un anévrisme au cerveau à l'âge de 61 ans.
Charlbi Dean
La mannequin sud africaine a été de
Spud et de sa suite, de
Blood in the Water,
An Interview With God et
Triangle of Sadness qui était pourtant en lice, dimanche dernier dans les catégories du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario. La jeune femme est entrée à l'hôpital, ne se sentant pas bien, fin août et n'en est jamais resortie. Victime d'une
infection bactériologique à l'âge de seulement 32 ans.
Pour Sorvino, Jordan, Blake et Williams, l'ensemble de la carrière a principalement été remarquable à la télévision ou/et au théâtre. Pour Ward aussi, en fin de carrière. Ils étaient associés à la télé, pas au grand écran.
Sizemore est décédé une semaine avant la soirée des Oscars, on a peut-être pas pris le temps de remodeler le montage à la dernière minute pour un gars qui jouait surtout les seconds rôles et souvent le même.
Gottfried, Heche et Blake étaient tous trois très controversé(e)s. Le premier a fait une série de blagues de mauvais goût aux Emmys, en 1991, sur la masturbation, allusion à Paul Reubens qui s'était fait prendre dans un cinéma porno. Il avait aussi fait une blague sur les avions de 9/11 trois semaines après le traumatisme collectif. Il a aussi été limogé pour avoir fait des blagues sur le tremblement de terre au Japon, de contrats qu'il avait là-bas. On se rappelle surtout de son manque de jugement. La seconde s'était aliéné sa propre famille à propos de prétendus viols répétés de la part de ses parents dans son enfance, ce que ces proches ont tous nié, elle a passé une large partie de sa vie à tenter de se "déprogrammer" de son homosexualité et le jour de sa mort a fait trois accidents d'auto distincts, tous plus étranges les uns que les autres, entrant en collision avec une porte de garage, faisant de l'excès de vitesse très près d'enfants, entrant en collision avec une Jaguar et se sauvant, pour finalement finir dans une maison avec sa voiture, ce qui a provoqué plusieurs incendies, dont la voiture dans laquelle elle était coincée et dont elle n'en est pas sortie vivante.
Blake a probablement aussi été omi parce qu'il
a peut-être fait assassiner son ancienne flamme et s'en est tiré .
Pourquoi alors risquer un Chouuuuuuuu dans ces touchants hommages ?
Charlbi Dean est moins explicable. Probablement parce qu'elle n'est pas Étatsunienne, ni trop connue. Mais elle était d'un film nommé 3 fois. Dont meilleur film.
Une chose est toutefois devenue maintenant claire. Il est aussi assez inutile de critiquer les absents du In Memoriam que de critiquer les gagnants/"perdants" de la soirée.
Le film que j'ai le plus hâte de voir après cette soirée de gala c'est
The Banshees of Inisherin de Martin McDonagh. Nommé 8 fois dimanche dernier, le film n'a rien gagné. Sinon mon envie de le voir.
Il y en aura toujours d'autres comme moi pour se rappeler des "oublié(e)s".