Emily // De Frances O'Connor. Avec Emma Mackey, Alexandra Dowling et Fionn Whitehead.
Pour un premier film, Frances O'Connor délivre un récit magnifique sur une autrice célèbre à qui l'on doit le magnifique Les Hauts de Hurlevent. Emily n'est pas parfait mais se repose souvent sur les bons éléments, notamment sur la prestation sans faute d'Emma Mackey sous les traits d'Emily Brontë. Elle a le charisme et l'émotion suffisante pour tenir sur ses petites épaules un récit de plus de deux heures. Frances O'Connor, qui a aussi écrit Emily, ne se contente pas de raconter l'autrice mais préfère discuter des inspirations qui ont conduit Emily Brontë a écrire ce magnifique roman connu du monde entier. Je dois avouer que c'est un parti pris artistique qui fonctionne car plutôt que de faire un biopic classique, Emily préfère une ode à l'exaltation, à la différence et surtout à la féminité. En somme, c'est surtout un hommage vibrant a une femme qui en a inspiré plein d'autres (et probablement Frances O'Connor dans sa vie car l'on sent l'amour pour Emily dans son film).
Aussi énigmatique que provocatrice, Emily Brontë demeure l'une des autrices les plus célèbres au monde. EMILY imagine le parcours initiatique de cette jeune femme rebelle et marginale, qui la mènera à écrire son chef-d'œuvre Les Hauts de Hurlevent.
Le plus gros défaut d'Emily est parfois de nous laisser un peu trop en retrait. Le spectateur n'est pas toujours participant du récit, créant une distance frustrante entre les personnages et nous-même. Pourtant le récit d'Emily reste assez universel et peu parler à énormément de femmes dans le monde mais il y a une froideur qui ne permet pas toujours de pénétrer le coeur même du récit et ses émotions. L'angle choisi est malin mais Emily ne m'a pas autant ému que j'aurais pu le croire de prime à bord. Emma Mackey est capable de vendre son personnage du début à la fin. A la fois dans l'ombre de sa soeur professeure émérite Charlotte et son frère Bramwell. Tout cela sous la houlette du père, Patrick, qui n'est pas forcément le plus tendre. Emily n'est pas une femme comme les autres, elle ne veut pas de destin tout tracer. C'est un récit d'émancipation, un peu comme Les Hauts de Hurlevent peut l'être d'une certaine façon lui aussi.
Visuellement, Frances O'Connor réussi tout de même son pari même si la distance créée entre les personnages et les spectateurs m'a dérangé à de nombreuses reprises. C'est comme si Frances O'Connor voulait à tout prix garder Emily Brontë pour elle et ne pas la partager. Pourtant le point de départ d'Emily est justement celui d'un récit plus universel et généreux qu'il ne parvient à l'être réellement. L'idée de raconter les inspirations d'Emily pour son roman reste un angle passionnant qui délivre tout de même de nombreuses surprises réussies tout au long du film. Aussi en parvenant à capturer la solitude dans laquelle notre héroïne est plongée ou encore la façon dont son imagination est bridée par sa propre existence de femme à cette époque. Vers la fin on sent quelques longueurs qui peuvent aussi sortir un peu le spectateur du récit mais dans sa globalité, Emily reste un film original qui a le mérite d'être agréable à suivre.
Note : 6/10. En bref, derrière Les Hauts de Hurlevent se cache Emily Brontë et Emily c'est son inspiration et sa vie. Un film imparfait mais à l'angle original et à l'actrice principale surprenante.
Sorti le 15 mars 2023 au cinéma