C’est un nouveau traitement pour améliorer la fonction de la pompe cardiaque chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque qui nous est proposé par cette équipe de cardiologues de l’Institut Karolinska : la ghréline, mieux connue comme « l'hormone de la faim », pourrait permettre d’optimiser la capacité de pompage du cœur chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque. L’étude clinique, publiée dans l’European Heart Journal (Eur Heart J) apporte ainsi un espoir aux millions de personnes dans le monde qui vivent avec la maladie.
L’insuffisance cardiaque est caractérisée par cette réduction de la capacité du cœur à pomper, comme après un infarctus du myocarde ou une angine de poitrine. En cas d'insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque est affaibli et le cœur incapable de pomper la quantité de sang nécessaire pour fournir au corps suffisamment d'oxygène et de nutriments. S’il existe des traitements qui ralentissent la progression de la maladie, il n'existe aucune méthode qui cible directement la capacité cardiaque.
L’auteur principal, le Dr Lars Lund, professeur de médecine au Karolinska Institutet et à l’Hôpital universitaire rappelle que l’insuffisance cardiaque est la cause la plus fréquente d'hospitalisation chez les plus âgés et induit une mauvaise qualité de vie et une mortalité élevée : « Si nous pouvions trouver le moyen d'augmenter la fonction de pompe cardiaque, nous pourrions améliorer considérablement le pronostic de ces patients ».
La ghréline augmente la fonction contractile des cellules cardiaques
On connaît déjà la ghréline pour son rôle d’augmentation de l'appétit et de stimulation de la libération d'hormones de croissance. Cependant, alors que cette hormone endogène possède de nombreux récepteurs dans les tissus du muscle cardiaque, ces mêmes récepteurs pourraient être une cible prometteuse pour améliorer la fonction de pompage du cœur.
L’étude, menée en double aveugle auprès de 30 patients souffrant d'insuffisance, répartis au hasard pour recevoir, par voie intraveineuse pendant 2 heures, soit un traitement à base de ghréline, soit un placebo, suivis ensuite durant 5 jours, permet d’observer que :
- après 2 heures de traitement, le débit cardiaque a augmenté en moyenne de 28 % dans le groupe ghréline vs une légère réduction dans le groupe placebo ;
- dans le groupe ghréline, une plus grande quantité de sang est pompée par battement, alors que la fréquence cardiaque reste inchangée voire ralentit légèrement ;
- au cours du suivi, la capacité de pompage cardiaque s’avère 10% supérieure dans le groupe ghréline vs groupe témoin ;
- aucun effet indésirable grave n’a été relevé ;
- le groupe « ghréline » a présenté des niveaux légèrement élevés d'un biomarqueur d'insuffisance cardiaque, mais sans effets réels observés : des recherches plus approfondies sur ce point seront nécessaires, précisent les chercheurs.
Si l'efficacité du traitement par ghréline devra encore être confirmée sur une cohorte plus importante et sur une période de suivi plus longue, si les mécanismes d’action doivent encore être mieux compris, les chercheurs observent déjà que la ghréline augmente la fonction contractile des cellules cardiaques et proposent un mécanisme moléculaire pour expliquer cet effet.
Une nouvelle voie thérapeutique vient de s'ouvrir pour les millions d’insuffisants cardiaques, activer les récepteurs de la ghréline pour booster la pompe cardiaque.
Source: European Heart Journal (Eur Heart J) 14 March, 2023 DOI :10.1093/eurheartj/ehad100 Acyl ghrelin improves cardiac function in heart failure and increases fractional shortening in cardiomyocytes without calcium mobilization
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Équipe de rédaction SantélogMar 16, 2023Rédaction Santé log