Mes parents étaient issus de régions. Mon père de St-Pascal-de-Kamouraska, ma mère de La Tuque. On apprenait dans ces villages qu'une famille, ça se partait tôt. Avec le début des années 70, débutait aussi la vingtaine de mes parents qui se sont mariés et m'ont eu dans les restes de la tempête du siècle, au Québec, un an après, mais dans une certaine paralysie provinciale assez semblable, en raison de la météo. À Victoriaville. C'est peut-être pour ça que j'ai développé un sincère amour pour l'hiver. Cette année, je l'ai marché/joggé presque tous les soirs. Pour atteindre mes objectifs de calories brûlées. En me posant parfois la question "Ferais-je la même chose en condition estivale avec des rues beaucoup plus pleines?" (Je ne sais pas)
Avec la sortie du mythique album de Pink Floyd, The Dark Side of the Moon, arrivait ma soeur Janiper Juniper, à Hull. 13 mois après mon arrivée sur cette drôle de planète. Mes parents voulaient deux enfants d'âge assez rapprochés, donc quand j'avais 4 mois, ma mère était déjà enceinte de ma soeur. Tous deux amoureux de musique, passion qu'ils nous ont communiqué, ils aimaient beaucoup Donovan. Ils aimaient entre autre Jennifer, Juniper, lancée en 1968 par la chanteur écossais. Mais ils n'avaient pas son 33 tours. Ils entendaient la chanson ici et là, et mon père, travaillant dans un bar du centre-ville de Québec, dans la cohue des nuits, entendait Janiper au lieu de Jennifer. Dans la chanson, Donovan chante un passage en français.
Jennifer Juniper, vit sur la colline
Jennifer Juniper, assise très tranquille
Dort-elle? Je ne crois pas
Respire-t-elle ? Oui, mais tout bas
Qu'es-ce que tu fais Jenny, mon amour ?
Ça disait peu, mais l'utlisation inatendue de la langue de Molière avait charmé ma mère qui avait considéré appeler ma soeur, Jeanne de toute manière. La nouvelle arrivée est vite devenue Janiper Juniper. J.J.
La pauvre, dès sa naissance, il a fallu lui casser les deux hanches afin qu'elle s'extirpe de notre mère. Toutes les photos de sa naissance nous la montre les deux jambes dans la plâtre, bébé naissant. Jusqu'à ce jour, ses hanches lui causent des problèmes. Ayant fait le coup du roi, un gars, une fille, mes parents avaient leurs enfants pour la vie. Mais deux ans plus tard, le plus beau des bébés bonus, notre petite soeur Greenjelly, allait apparaître aussi.
On a grandi dans une famille relativement tissée assez serrée. Enfants de 2 enseignants (mes 2 soeurs le deviendraient aussi) nous passions nos vacances d'été ensemble. Les trois enfants couchés dans le coffre hatchback de la Station Wagon en 1980, pour "Le tour de l'Amérique du Nord" qu'on allait alors faire trois mois d'été. 8, 7 et 5 ans.Si Greenjelly et moi sommes un croisé assez total de nos 2 parents, J.J., pour sa part a surtout beaucoup hérité des gênes paternels. Le tempérament irlandais principalement. Ce que mon père essayait avec son plus vieux qui échouait, tombait souvent dans sa cour et souvent aussi, elle y prenait son pied. Par exemple mon père insistait beaucoup pour que je sois manuel et habile de mes mains dans un garage ou avec des outils. Des choses que son propre père ne lui avait jamais apprises et qu'il avait dû apprendre (mal) de lui-même. Je n'ai jamais eu envie de ça. Mon père pouvait être excessivement envahissant quand il avait quelque chose en tête. Il tenait à ce que je devienne propriétaire de blocs appartements ou de condos. Gestion qui ne m'a jamais intéressé non plus. C'est donc J.J. qui en a hérité du projet. Elle a été propriétaire de blocs appartements au Centre-Ville de Québec et elle a aimé son expérience, ayant comme locataires, un temps, les membres du Pascal Picard Band qui venaient aussi s'y pratiquer au plus fort de leur popularité. Elle y aurait fait de beaux sous quand elle a vendu. Je ne sais pas. Je n'ai jamais posé la question. L'argent m'intéresse peu également.
C'est après tout, un outil.
Je suis cohérent avec moi-mème.Mon père était très souvent chez J.J., à son bloc, pour l'aider à jouer au bricoleur comme il aurait voulu le faire avec son fils.
J.J., dégoutée de ce que certains hommes lui avait fait vivre, avait choisi, au début des années 2000, de faire des bébés toute seule. Elle aura 2 merveilleuses filles, en 2003 et en 2005. Ça avait tant inquiété mes parents que mon père s'était vite imposé dans sa vie. Ça prends un certain courage pour faire ce qu'elle a fait. Par respect, par pudeur, et afin de la laisser gérer seule, à sa manière, ses affaires familiales, personne ne lui a posé de question sur la/les paternité(s). C'est un dossier pour elle et ses filles.
Quand mon père est précipitamment décédé en 2009 de manière innatendue, c'est par sa plus jeune que semble être passé les derniers courants spectraux paternels.Encore aujourd'hui, ce qui me ramène au souvenir paternel, c'est souvent ma soeur J.J. Au travers de laquelle, je le reconnais. Même type de fierté parfois gonflée.
Plus jeune, j'aimais faire des sauts à mes soeurs. Ma chambre, pendant un temps, était voisine à celle de mes 2 soeurs tout juste à côté, qui dormaient dans un lit à deux étages, Je rampais, tôt après qu'on se soit couché, pour me glisser sous le lit de J.J. sans que les filles ne le remarquent et hurlait soudainement pour les faire crier. Un soir, je suis confortablement sous le lit de J.J. attendant le bon moment pour les faire sursauter. Greenjelly, au 2ème étage du lit dit, candidement à J.J.
"Aujourd'hui j'ai vu un tellement beau papillon, il était d'un vert..."Assurée et experte J.J. lui répond alors: "Oh! je sais c'est quoi, c'est un papillono verto..."
La bullshit était si grosse, j'ai explosé de rire sous le lit. Les faisant tout de même sursauter.
Bouh!
Aujourd'hui, ce sont nous qui sursautons. Tu as 50 ans, beauté.C'est juste un chiffre, J.J. L'âge est toujours celui du coeur.
Tu seras jamais seule. Tes filles non plus.
On vous aimes trop pour vous abandonner.
Be fucking Irish today, Frecklegurl.
Everything may go green.