Il n’y a jamais de petits symboles… À 500 jours de Paris 2024, alors que les organisateurs avaient promis des jeux Olympiques «accessibles à tous» et «populaires», la polémique sur le coût exorbitant de la billetterie, comme les conditions d’obtention des tickets, laisse des traces et des doutes légitimes. Avec ses tarifs élevés, son mode de tirage au sort et ses disciplines reines hors de prix pour le commun des mortels, ces Jeux tant rêvés oscillent d’ores et déjà entre les promesses initiales et une certaine réalité concrète.
Les principaux acteurs de l’événement, qu’il s’agisse du Comité d’organisation ou de l’établissement public chargé de la livrais on des ouvrages, la Solideo, ne manquent pourtant pas d’imagination pour vanter l’avancement des chantiers et le coup d’accélérateur que ces derniers opèrent dans le processus du Grand Paris. Infrastructures, transports, développement économique, emploi: tout est, en effet, dans la boucle de ces Jeux de 2024, qui ne concernent pas que la capitale. En témoigne la situation en Seine-Saint-Denis, aux premières loges de ces JO, puisque ce département draine 80% des investissements de la Solideo, avec des projets monumentaux en cours, tels que le village olympique et celui des médias qui accueilleront le monde entier. Le discours officiel – volonté de promulguer des Jeux «solidaires» devant être une «opportunité» pour les territoires d’accueil – peine à se concrétiser.
À mi-parcours des travaux de préparation, les retombées positives en matière d’emploi local restent très en deçà des objectifs fixés. En 2019, Paris 2024 avait annoncé «150 000 emplois directs créés sur la période 2018-2024» dans les trois secteurs directement concernés: événementiel, tourisme et construction. Devant l’omerta des grandes entreprises, singulièrement celles du BTP, personne ne se risque à quantifier les emplois effectivement créés. Seule indication, très modeste, la Solideo se félicite d’avoir impliqué 2 222 personnes éligibles aux clauses sociales, dont 1 007 en Seine-Saint-Denis. Selon certaines indiscrétions, il fut même «laborieux» d’en arriver là… Au stade suprême du néolibéralisme sportif et des intérêts capitalistiques, les JO de 2024 pourront-ils vraiment être populaires? Rien n’est gagné.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 14 mars 2023.]