Photøgraph au Barbe à Plouha, le 11 mars 2023

Publié le 13 mars 2023 par Concerts-Review

Photøgraph au Barbe à Plouha, le 11 mars 2023

michel

Achères, tu connais?

Euh, c'est pas une terre agricole qu'on laisse temporairement reposer en ne lui faisant pas porter de récolte?

T'es qu'un paysan, il s'agit d'Achères , une commune des Yvelines, c'est de là que vient Photøgraph , un trio pratiquant un electro pop , inspiré autant par la Britpop des débuts ( Suede, Blur, Manic Street Preachers, Supergrass...) que par la French House de Bob Sinclar, Daft Punk ou Etienne de Crecy.

Romain Simard ( claviers, synthés ( dont un impressionnant Novation ZeRO SL MK II ) , guitare, choeurs)/ Etienne de Bortoli ( batterie, percussions, choeurs) et le franco-anglais Jon Sayer ( actif chez Woodbell) , pas un cousin de Leo Sayer, qui avait cartonné avec ' More than I can say' ( lead vocals, guitare, clavier, synthé), se sont connus sur les bancs de l'école et ont décidé de monter une formation rock car pour draguer les filles c'est plus convaincant que de se dire séminariste.

Le groupe a pondu plusieurs singles, un EP 'Photograph' en 2016, un autre ' Big Day' en 2019, il vient de publier l'album ' Instant Memory Lapse', pour l'instant audible sur Spotify, Deezer et diverses plateformes de streaming, le vinyle et autres supports physiques, c'est pour bientôt!

20:00, le Barbe est bien garni, comme chaque semaine, les trois frocs blancs ont pris place et entament le décodage de la setlist en commençant par 'Tan my Heart', un extrait de leur dernier méfait.

Ce qui frappe d'emblée c'est l'accent British prononcé, très cockney, sans être rebel, de Jon Sayer. Avoir vécu près de Paris ne lui a pas donné des intonations Antoine de Caunes mais il a sans doute beaucoup écouté Blur.

Chouette morceau dans la veine Britpop travaillée, avec lignes de guitare cinglantes et synthés omniprésents, un passage narratif donne un caractère John Cooper Clarke au rendu.

C'est bien parti!

Dans la même veine, ' Good team' de 2020 s'avère synthétique, sophistiqué et dansant, mais tu oublies le côté échevelé, on est entre gens civilisés.

Today is a ' Big Day', annonce Jon.

Tu te maries, questionne Casimir !

Après cette jolie rengaine synth pop, décorée d'un chant choral coquet qui te permet de voir les étoiles de près, ils embrayent sur ' Divine ' car nous sommes tous beaux comme de jeunes dieux.

Si tu adhères à la pop enjouée des Pet Shop Boys, sans forcément revendiquer le côté gay, tu vas aimer cet angélique ' Divine'.

Puis vient 'Diamond Safety Box' présenté comme un titre costaud.

Tu t'attendais à du Mike Tyson, on t'a servi du synth pop sur flow hip hop, c'est bourré de gimmicks et d'arrangements à la limite kitsch. On ne peut pas leur reprocher un manque d'originalité.

' Fight, bite, grow' et son couplet participatif passe du doucereux à la dépense d'énergie.

Depuis 10', un mioche casqué se trémousse face au lead singer, soudain une illumination lui vient, il saisit la jambe de Leo sans parvenir à le faire trébucher.

Un futur Black Bloc?

Reprendre ' L'amour à la plage' de Niagara peut être sympa, mais pas si on bricole une version boursouflée.

Ne pas confondre les chutes du Niagara et la pisse de chat.

Trop de kitsch tue le kitsch!

Le cinématique ' Train' les remet sur les bons rails, ce morceau lounge, quasi instrumental, a été plébiscité par FIP, c'est justifié.

Le voyage se poursuit agréablement, la locomotive tourne rondement, ' A good day', et ' No Crisis' se succèdent comme sur le nouvel album.

Roger Hodgson, de passage dans le Goëlo, remarque 'Crisis, what crisis?'.

Non, ' Never say never' n'est pas une reprise de Jutin Bieber, mais un nouveau morceau dancepop sur lequel les nappes de synthé s'entrelacent ou jouent aux montagnes russes, tandis que la voix du franco-anglais joue à saute-moutons.

C'est dingue ce mix Ian Dury/ Frankie Valli/ Burt Bacharach/ The Beloved/ Alphaville qui nous ramène loin en arrière.

' Flashlight' est un hommage aux émois amoureux de l'adolescence.

La recette: faux disco, voix de fausset, et relents new romantics, légèrement rococo....

Rien à dire, chaque titre se défend et pourtant une forme de ronron s'est installée, on n'ira pas jusqu'à parler de somnolence, mais l'effet de surprise a disparu.

Sur scène le show se poursuit consciencieusement sans réelles surprises, 'Protest' précède ' Roving Souls', un downtempo à la mémoire d'amis trop tôt partis, ' puis vient ' Relax' sans Franhie parti à Hollywood.

Un coup d'oeil à l'ingé-son, on n'a pas oublié un titre?

Cassius, c'est maintenant?

Oui, et grâce au turbulent ' Toop Toop' l'ambiance monte d'un cran, ce regain d'énergie a gagné le public qui s'est remis à danser.

'Give it a shot' porte bien son nom, on aurait bien avalé trois ou quatre shots bien tassés, on s'est contenté de bouger en mesure.

La playlist mentionnait ' Don't know I know', le morceau a été escamoté, c'est donc avec ' Easy' que le groupe termine le set.

Non, pas le ' Easy' popularisé par Faith No More, composé par les Commodores, mais un de leurs nouveaux titres, catchy en diable.

Un message publicitaire précède la reprise de la rengaine et le salut final.

Le Barbe ne l'entend pas de cette oreille, avec difficulté, le batteur et l'organiste reprennent leur place en multipliant les exercices acrobatiques pour proposer un titre d'avant le déluge, ' Kids' est bourré de reverb, de vocalises frelatées, de rythmes robotiques et d'effets symphoniques.

Et puis, voilà, 10 PM... the kids have to go sleeping!