Voici plusieurs fois où le scandale a un peu fait oublier le contenu des films honorés, lors de la superficielle soirée.
De la Will Smith Bitchslap sur Chris Rock, l'an dernier, à Faye Dunaway et Warren Beattie annonçant le mauvais film gagnant, en passant par Vanessa Redgrave qui profite de sa tribune (gagnante d'un Oscar) pour donner son opinion sur la situation politique en Palestine et sur le McCarthisme, plusieurs fois, beaucoup plus anciennes, la soirée de remise de prix, ou les campagnes de putasseries suivant les nominations, ont été l'occasion de marcher en marge de la dignité prétendue sur les tristes à mourir tapis rouges.
En 1930, Mary Pickford est critiquée pour sa terrible performance dans le film Coquette, film qui est aussi mal reçu et par le public, et par la critique. Mais elle reçoit les (alors) 5 voteurs de la meilleure performance pour une actrice dans un rôle principal, a prendre le thé dans son repaire PickFair et comme par magie, elle gagne l'Oscar de la meilleure actrice quelques jours plus tard.
En 1936, le scénariste Dudley Nichols devient le premier récipiendaire à refuser son Oscar. Étant l'un des co-fondateurs de la SAG (Screen Actors Guild) que les Oscars n'appuient pas ou très peu, Oscars qui ne font pas beaucoup de place aux films indépendants. Il gagne pour The Informant de John Ford. Un film sur les relations tendues entre Républicains Irlandais et l'armée britannique. Par deux fois on tente de lui envoyer par la poste, les deux fois, il retourne le paquet. Accepter ceci serait pour lui tourner le dos aux plus de 1000 membres de son association. Il accepte finalement en 1938, quand la National Labor Relations Board certifie la SAG officiellement.
Aussi en 1942, Citizen Kane, d'Orson Welles, qui a révolutionné toute l'industrie du cinéma, est très justement nommé 9 fois à la soirée de la remise. Toutefois, cette critique voilée du magnat de la presse William Randolph Hearst, ne plait pas à Hearst qui fait tout en son immense pouvoir afin que le film ne gagne rien. Ce qui réussi 8 fois sur 9. Au niveau du scénario, il ne réussit pas à freiner les juges qui savent que ce film est le meilleur de tous les temps. Le plus influent. Pour l'époque et les années à venir. Un chef d'oeuvre visuel, narratif, de mise-en-scène et cinématographique.
En 1944, un Oscar spécial, juvénile, existant depuis Shirley Temple, le Outstanding Child Actress Award, est remis à la petite Margaret O'Brien, 7 ans. La bonne de la maison qui partira avec le prix pour supposément le faire polir. Toutefois, elle ne le ramènera jamais à la petite. On ne trouve plus la dame avant sa mort, dans les années 90. Sa famille ne trouve pas de valeur au trophée et le vend aux enchères. Mais on s'en rend compte à temps et on met la main dessus. L'Oscar sera remis à O'Brien, en bonne et due forme, en 1995, elle qui a désormais 58 ans.
On avait fait des choix à la Will Smith. Qu'on a justement honoré de l'Oscar du meilleur acteur peu de temps après son agression. Ce qui confirmait le grand guignolesque de la soirée.
Hier soir, il y a quelques minutes, en Amérique du Nord, aucun drame.
Beaucoup de belles larmes de bonheur. Et un Oscar pour la canadienne Sarah Pooley. Yé !