Mon fils m'a fait rire l'autre tantôt.
"Papa, on le sait quand c'est ta musique qui joue parce qu'il y a des instruments"
(...)
J'espère...des africains et leurs tams-tams, en commençant par les crocs-magnons et leurs roches et leurs sons gutturaux, jusqu'au Djembé et au violon électrique, la musique s'est toujours faite, avec des instruments. Quand je lui ai demandé de s'expliquer, il m'a dit que sa musique à lui, c'était un "feel". Ce qui n'est pas illégitime non plus. Il faut la ressentir d'une certaine manière cette musique pour la trouver bonne ou intéressante. Et comme je suis un enfant des années 70, la musique qui est venue me chercher est celle des bands de rock, de pop et de jazz.
J'ai eu envie de vous parler de plusieurs moments de guitare qui me donnent la chair de poule. Je vous en ai choisi 13, top of my head, mais si j'y pense trop longtemps, je vous fais un interminable, surtout, un minable, top 50. Ces moments de cordes ne sont pas classés en ordre de meilleur au pire selon moi mais grosso modo, dans l'ordre que je les ai découverts. Je vous dit comment ils viennent me chercher.
Not In Love (Sergio Galli) c'est probablement un croisement de la guitare de Galli, de Platinum Blonde et de celles de Roger Morris et John Ashton des Psychedelics Furs sur Pretty in Pink qui m'ont donné ce son grain sonore qui me plait tant dans l'oreille. À la fois harmonique et underground, Galli reproduira ce son ici et là dans la courte carrière de Platinum Blonde.
Un groupe que j'ai tout simplement adoré au tendre âge de 13 ans. Et que j'ai revu dans mon 450 il y a à peine 3 ans. Revivant mon adolescence.
Hotel Calfornia (Joe Walsh & Don Felder) Bien qu'ouvertement inspirée d'une chanson de Jethro Tull, avec lesquels ils avaient fait une tournée un an avant. La chanson de Don Henley, Glen Frey et Don Felder, a vu ce dernier demander à sa femme de lui rejouer au téléphone l'enregistrement du demo de son riff de guitare de la fin, qu'il avait fait en demo, presqu'un an avant 1976. Il a répété ce qu'il avait alors improvisé et, en dualité avec Joe Walsh, les deux se sont répondus dans ce qui reste un des plus impressionnants combo de guitares de l'histoire de la musique populaire. Frey est aussi, à la guitare acoustique avec Felder.
Right (Carlos Alomar) Cette chanson, en pleine ère de disco, offre une guitare qui me fascine. Je l'entends comme une rivière dont le fluidité continue est parfois accompagnée par les choeurs de Geoff MacCormack, Robyn Clark (épouse d'Alomar) et Luther Vandross me plait hors de tout entendement. Je me suis tanné de Young Americans, de Fascination, je n'ai jamais aimé Fame, mais Right, elle se grave dans mon coeur comme le son d'une rivière qui apaise.
Times Waits For No One (Keith Richards & Mick Taylor) Lors d'un passage au Brésil des Rolling Stones, Mick Jagger et l'autre Mick, Taylor, le prodige jeune guitariste, sont inspirés par les sons latins de l'endroit et tricotent l'un des plus mélodiques phrasés à la guitare que les Rolling Stones n'auront jamais produit. La période entre 1969 et 1975, avec Mick Taylor, est pour mes oreilles la plus intéressante. Sur le même album, Fingerprint Files, utilise aussi une guitare qui me plait beaucoup.
Time Waits For No One sera le point de contentieux final avec Taylor qui considère l'avoir largement écrite, mais Richards, jaloux prend le crédit tout seul, avec Jagger. Taylor quitte le band après la sortie de cet album. Qui comprenait déjà la présence de celui qui allait le remplacer sur la chanson titre.
Little Wing (Jimi Hendrix) J'ai découvert cette magnifique chanson par le second album solo de Sting, en 1987. Sting a réussi un assez parfait combo de ses deux premiers albums solos. Mais la chanson était une reprise de l'as guitariste gaucher Anglais Jimi Hendrix. Que je découvrais ensuite. Et qui était nettement meilleure. Du moins, à la guitare. Jimi était redoutable quand on lui mettait une 6 cordes électriques entre les mains. Cette chanson en est un autre bel exemple.
Young Lust (David Gilmour) Il aurait été trop facile de mettre Confortably Numb, qui oui, est aussi formidable de sa part. Mais Young Lust ouvre avec la guitare de Gilmour et en est la colonne vertébrale pendant 3:30. En 1990,quand Roger Waters livre son spectacle en hommage au mur de Berlin récemment tombé, avec invité(e)s, c'est à un autre amoureux de la guitare électrique, le Canadien Bryan Adams, pour une formidable version (alongée) de Young Lust. Une rare version en spectacle que je garde sur mes listes de lecture. Et qui me donne autant de frissons.
Where The Streets Have No Name (The Edge) The Edge est le roi du reverb sur une guitare. Sur ce morceau, qui m'émeut encore presqu'aux larmes de nos jours, il joue de plus d'une guitare, réussissant à faire décoller ce morceau complètement propulsant. On surfe avec lui du début à la fin comme on le ferait sur la plus nostalgique des vagues, où les rues porteraient toutes le même nom: Guitar hero.
Alone Together (Nick Valensi & Albert Hammond Jr) Tous les albums de la formation de New York sont très généreux en guitares (les albums de la formation Interpol, un autre band que j'adore et de New York, aussi). J'aurais pu vous parler de Trying My Luck, une de mes chansons préférées du band, dont je joue systématiquement de la air guitar quand je l'entends, mais Alone Together, aussi de leur premier album, offre des guitares bien modestes de Valensi et d'Hammond Jr, jusqu'à ce que la dernière partie de la chanson nous offre ou Valensi, ou Hammond Jr dans un délire de guitare en plusieurs formes continues fort intéressantes.
J'aime la guitare.
J'aime la musique créée par des instruments.
Le "feel" aussi.
Mais la musique, fiston, a besoin d'instruments. Sinon on est tous musiciens avec notre seul voix.