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Correspondances

Publié le 16 août 2008 par Marc Lenot

Dans la partie occidentale de Jérusalem, tout près de la résidence du Président, le Musée L.A. Mayer d’Art Islamique est désert. Sa présentation de l’art musulman est excellente, didactique, avec un petit nombre d’objets de grande qualité pour chaque période. Je suis loin d’être un expert sur cet art, mais j’ai été impressionné par la qualité des collections permanentes et leur pertinence. Il n’y avait quasiment personne dans les salles, manque de curiosité pour l’Autre peut-être (d’ailleurs probablement réciproque), et c’est bien dommage.

Une salle présente, depuis le 1er août et pour quelques mois, une exposition temporaire de 13 artistes arabes contemporains : pas d’autre précision géographique (rien sur le site, pas à jour, et le catalogue n’est pas très explicite), mais je pense que ce sont des Palestiniens, citoyens d’Israël ou non, je ne sais. Je n’en connaissais aucun, et ils ne semblent pas être très connus hors du pays.

C’est une exposition tranquille, qui met l’accent sur l’identité personnelle plus que sur la nation, qui montre l’affrontement entre modernisme et tradition en chacun d’eux, plus sur le plan intime que sur le plan social ou politique. Ca m’a laissé une impression plutôt ambivalente : c’est excellent qu’un artiste puisse aussi s’abstraire de son environnement, du conflit omniprésent, de l’obligation morale de se situer face à l’occupation, à la répression, mais est-ce vraiment possible ?

On le voit bien chez ceux qui m’ont paru les plus intéressants, comme Khader Oshah qui présente trois peaux de mouton tannées, devenues parchemins sur lesquelles il inscrit des poèmes (de Mahmoud Darwish ?) et dessine les visages de ses amis juifs, ou bien chez Ahlam B’Soul qui photographie les ruines de villages d’où les habitants ont été chassés en 1948, édifices religieux en ruines, envahis par la végétation où, parfois, des anciens habitants peuvent revenir prier. Rien de militant dans ces œuvres, de la nostalgie, de la tendresse, du rêve.

De même Hanna Farah se photographie dans les ruines de son ancien village sous l’arche d’une maison, la tête courbée comme soutenant une arche en ruine, son présent écrasé par le passé.

D’autres font un travail plus formel, ainsi les belles gravures de Walid Abu Shakra, très romantiques et quasi photographiques, montrant des murs de pierre, des amandiers, ou le travail sur la matière de Khitam Younis avec des peintures craquelées, rappelant l’arte povera, mais aussi une cartographie de terre brûlée.

Au final, quelques belles découvertes, et bien des questions.

Je ne pourrai vous montrer de photos que quand j’aurai de nouveau accès à un scanner, d’ici une dizaine de jours (pas trouvé grand chose sur Internet, et photographie interdite dans le Musée).   


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