Les infections à COVID-19 augmentent le risque de problèmes gastro-intestinaux à long terme, qui doivent donc être considérés au nombre des symptômes courants du COVID long, souligne cette équipe de médecins de l’Université de Washington à Saint-Louis. L’équipe, qui publie dans la revue Nature Communications, sensibilise à la gestion de ces problèmes gastro-intestinaux persistants au cours du parcours de soins post-infection.
L’auteur principal, le Dr Ziyad Al-Aly, épidémiologiste clinique à l’Université de Washington à St. Louis a déjà mené plusieurs études sur le COVID long. Ses dernières découvertes montrent que les patients infectés par le COVID-19 encourent un risque accru de développer toute une gamme de troubles gastro-intestinaux dans le premier mois et jusqu’à un an après l’infection. Si ces troubles ont déjà été documentés comme un symptôme du COVID, cette étude relève des complications gastro-intestinales très variées, dont des lésions hépatiques, la pancréatite aiguë, le syndrome du côlon irritable, le reflux acide (RGO), des ulcères de la muqueuse de l’estomac ou de l’intestin supérieur, ainsi qu’une probabilité accrue de constipation, de diarrhée, de douleurs abdominales, de ballonnements et de vomissements.
Ces observations posent la question suivante :
Le tractus gastro-intestinal, un réservoir pour le virus ?
De précédentes recherches de la même équipe ont déjà décrit les effets persistants du COVID-19 sur le cerveau, le cœur, les reins et d’autres organes, recensant au total environ 80 effets néfastes sur la santé associés au COVID long. Mais jusque-là les symptômes gastro-intestinaux étaient restés quelque peu négligés.
« Le virus peut être destructeur, même parmi les personnes considérées comme en bonne santé ou qui développent des infections bénignes. Nous constatons avec cette nouvelle étude, la capacité du virus à attaquer n’importe quel système organique du corps, dont le système gastro-intestinal , qui comprend la bouche, la gorge, l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le gros intestin, le rectum et l’anus, ainsi que des organes comme le foie et le pancréas, qui produisent des enzymes impliquées dans la digestion ».
L’étude a analysé 14 millions de dossiers médicaux de la base de données des anciens combattants, le plus grand système de soins de santé des Etats-Unis. L’équipe a constitué un ensemble de données contrôlées de 154.068 patients, testés COVID positifs entre mars 2020 et janvier 2021 et qui avaient survécu au-delà de 30 jours après l’infection, appariés à un groupe de témoins exempts de COVID. L’analyse révèle que :
- les patients « COVID », hospitalisés ou pas, ont un risque accru de 36 % de présenter des troubles gastro-intestinaux ;
- ces affections gastro-intestinales recensées avec le COVID long, vont de problèmes d’estomac légers à des affections potentiellement mortelles telles que l’insuffisance hépatique et la pancréatite aiguë ; précisément,
par rapport aux témoins, les participants ayant eu le COVID-19 présentent :
- un risque accru de 62 % de développer des ulcères dans la muqueuse de l’estomac ou de l’intestin grêle ;
- un risque accru de 35 % de RGO ;
- un risque accru de 46 % de pancréatite aiguë ;
- un risque accru de 54 % de syndrome du côlon irritable ;
- un risque accru de 47 % d’inflammation de la muqueuse de l’estomac ;
- un risque accru de 36 % de maux d’estomac sans cause évidente ;
- un risque accru de 54% de ressentir des symptômes digestifs tels que la constipation, la diarrhée, des ballonnements, des vomissements et des douleurs abdominales.
Ici, les chercheurs estiment que, à ce jour, les infections causées par le SRAS-CoV-2 ont contribué à
plus de 40 millions de nouveaux cas de troubles gastro-intestinaux dans le monde.
Il est donc crucial et urgent d’inclure aussi la santé gastro-intestinale dans la surveillance et les soins du COVID long.
Source: Nature Communications 7 March, 2023 DOI:10.1038/s41467-023-36223-7 Long-term gastrointestinal outcomes of COVID-19
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