« A l’ombre d’un frère savant et d’un siècle qui ignore les femmes, Jacqueline se bat pour exister à côté de Blaise, pour ne pas être écrasée par son époque. »
Dans son dernier roman, Christine Orban nous offre un portrait croisé, érudit et non moins romanesque de Jacqueline Pascal, poétesse épistolière douée, sœur de Blaise, l’homme de sciences génial, aussi sombre qu’elle est solaire.
Au lieu de parler de ce philosophe phare partagé entre la foli et les sciences, la romancière fait un pas de coté et raconte à quel point Jacqueline va influencer le parcours de son frère
Petite dernière d’une fratrie, elle ne connaitra pas sa maman, Antoinette qui décède peu après sa naissance. Etienne, leur père dispensera la même éducation à Gilberte, Blaise et Jacquette, dite Jacqueline sans aucune distinction. Mais si Jacqueline a la vivacité, la beauté, l’intelligence, elle n’en est pas moins une femme.
Parce que c’est une forte tête, un caractère bien trempé, dans ses stances, Jacqueline milite contre l’amour et le mariage, ce qui à l'époque constitue une vraie transgressiion ...
Dans un portrait croisé entre le frère et la sœur, l’auteur livre un récit historique très documenté pétri d’un amour filial émouvant et de cheminement spirituel versant parfois dans l’intransigeance.
La poésie deJjacqueline est remarquable au point de conquérir Richelieu et Corneille, Blaise sera admis à l’académie des sciences et Jacqueline à la cour de la reine Anne d’Autriche.
Quant Etienne ouvre son foyer aux dévots jansénistes, plus rien ne sera pareil dans la vie des enfants Pascal. Jacqueline si dévouée à son frère Blaise va aimer Dieu plus que quiconque.
Le père et le fils vont alors se liguer pour l’empêcher de donner sa vie au carmel de Port Royal. Mais peu à peu Jacqueline se refuse au monde, elle renonce à la poésie, aux vers, à Blaise. Elle devient Sœur Euphémie tandis que Blaise s’enlise dans les sciences, le mercure, les migraines et le manque de sa sœur, sa presque mère, son double.
Il n’était rien sans elle et elle sans lui, ainsi prend forme la relation atypique, ambiguë, complexe des enfants Pascal.
Christine Orban dessine le portrait paradoxal et fascinant de Jacqueline, en avance sur son siècle. Libre et à la fois soumise à son père, son frère, sa religion.
La biographie passionnante d’une héroïne méconnue.
Soumise de Christine orban
Albin Michel