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La cour de France, par Jean-François Solnon

Par Mpbernet

Tout commence avec les Valois, l’explosion de la Renaissance, la police des mœurs et l’influence des femmes, la munificence des fêtes, l’influence de l’Italie …

Dire que j’ai dévoré ce « pavé » comme un polar serait sans doute exagéré. Cependant, ce survol de l’histoire de France entre Renaissance et Révolution nous en apprend beaucoup sur notre vie politique contemporaine : ses clans, ses coteries, le déficit permanent, les sources du financement public, la création progressive d’une administration efficace, le destin fatal de tous ceux qui ont tenté de réformer l’Etat.

L’auteur distingue trois grandes périodes dans cette histoire de la cour : les Valois (de François Ier à Charles IX), les premiers Bourbons (Henri IV et Louis XIII), la royauté absolue jusqu’à la chute (de Louis XIV à Louis XVI).

La première est ponctuée par les guerres de religion et une violence à nulle autre pareille (assassinats du duc de Guise, de Concini), la seconde caractérisée par une certaine rigueur due aux guerres et à la sobriété des premiers Bourbons, la dernière est éclatante au-delà de tout ce que l’on  peut imaginer et résonne dans le monde entier. Minée aussi par des dépenses guerrières hors de proportions avec les capacités financières du pays.

Louis III

Carrousel Louis 14

L’ouvrage tord cependant le cou à plusieurs légendes. En particulier celle des comptes publics au XVIIIème siècle, qui serviront de cheval de bataille contre la monarchie. En 1788, les dépenses de la cour – 42 millions de livres - représentent 6,63% des dépenses de l’Etat. En cette année de paix, la guerre représente 124 millions de livres et la marine 47. Le service de la dette occupe 41% du budget, essentiellement consacré au financement de la guerre d’Amérique qui aura coûté au total entre 1000 et 1300 milliards.

Certes, la gestion des finances n’est pas des plus orthodoxes mais il faut se libérer de légendes tenaces : l’histoire de la cour ne se limite pas à l’escadron volant, à l’affaire des poisons, au parc aux cerfs et au scandale de l’affaire du collier.

Il est frappant de constater les similitudes de comportement entre les courtisans d’hier et d’aujourd’hui, les prébendes raflées par ceux que l’on pourrait appeler aujourd’hui des oligarques, les partis irréconciliables autour des favorites du moment, les commissions occultes, les trafics de marchés publics …

Avec l’avènement du Roi soleil, attirer et retenir les premiers personnages du royaume est un instrument de pacification. La cour est une solution finalement peu coûteuse pour assurer le développement de l’Etat, sans oublier le rôle civilisateur - les arts, la langue ...- et les retombées économiques des commandes publiques, le rayonnement international qui perdure à travers nos industries du luxe. La cour, rassemblement des élites, est aussi un foyer de culture.

La chute de la monarchie est le fruit d’un processus politique bien analysé. Les tentatives de réformes ont été vouées à l’échec (Necker, Calonne …) Louis XV et Louis XVI, par leur indécision, ont aggravé le processus. Il nous reste une pléiade de châteaux somptueux … et un style jamais égalé depuis plus de deux siècles.

La cour de France, par Jean-François Solnon – édité chez Perrin, collection Tempus – 697 p. dont 169 de notes et annexes) – 12,50€


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