Celle qui est venue dire dans le titre se nomme Rose, une jeune femme de vingt-huit ans qui en a gros sur la patate au moment où elle regagne sa ville natale après dix ans d’absence. Elle compte d’ailleurs bien saisir cette dernière opportunité qui s’offre à elle, d’enfin pouvoir dire ses quatre vérités à ce père démissionnaire, à qui elle avait tourné le dos, mais qui vient d’être admis en soins palliatifs…
En alternant passé et présent, Cynthia Kafka raconte d’une part le retour de Rose à Chantilly et ses derniers moments en compagnie de son père, tout en invitant d’autre part à découvrir le passé de cette héroïne qui a non seulement perdu sa mère à l’âge de quatre ans, mais qui s’est également progressivement éloignée de ce père qui a choisi de noyer son chagrin dans l’alcool, délaissant totalement sa fille.
« Je suis venue te dire » est donc le récit d’une relation, voire même d’une confrontation, entre un père et sa fille. À l’instar de Marie-Sabine Roger dans « Dernière visite à ma mère », Cynthia Kafka narre un ultime rendez-vous entre deux êtres qui souffrent d’un vide affectif rempli de non-dits. Une dernière occasion de libérer une parole enfouie depuis trop longtemps, une sorte d’exutoire qui permettra d’enfin tourner la page et de se reconstruire. Mais comment trouver les réponses tant désirées lorsque, arrivée au chevet de son père, elle constate que ce dernier est incapable de communiquer autrement que par quelques clignements d’yeux ?
« Je suis venue te dire » est donc l’histoire d’une reconstruction, celle de Rose, arrivée débordante de rancœur, espérant enfin trouver la paix intérieure qui lui permettra d’avancer. C’est également le récit d’un retour aux sources, qui renoue avec le passé et réveille des souvenirs enfouis, invitant souvent à les regarder sous un nouvel angle, avec le recul nécessaire.
« Je suis venue te dire » est également un récit d’amitiés, de personnages attachants qui se retrouvent après tant d’années et qui vont s’entraider et se rapprocher au fil des pages. Tout comme Rose, le lecteur finit par se sentir bien en compagnie de sa mamie, de sa tata et de cette amie d’enfance tellement solaire, dorénavant infirmière, qui illumine les soins palliatifs de sa bonne humeur.
Si vous aimez les romans “feel good” qui abordent des sujets aussi délicats que douloureux avec autant de légèreté que de justesse, tels que savent si bien le faire Virginie Grimaldi, Marie Pavlenko (« Je suis ton soleil », « Un si petit oiseau ») ou Anna McPartlin (« Les derniers jours de Rabbit Hayes », « Du côté du bonheur »), n’hésitez pas et foncez !
Je suis venue te dire, Cynthia Kafka, L’Archipel, 304 p., 18€
Elles/ils en parlent également : Elodie, Anaïs, Ma voix au chapitre, Lettres et caractères
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