En devenant femme, Anna confie sans tabou, avoir longtemps et encore aujourd'hui eu un rapport très conflictuel avec son image « une vraie dysmorphophobie qui m'a conduite à l'automutilation et la dépression ». Sous le pinceau de cette ravissante artiste blonde aux traits slaves, ses angoisses font place à des créatures gracieuses et sensuelles. « Je rassemble des morceaux de femmes pour en créer une, et c’est magique » livre l'artiste. Mais ne nous y trompons pas, sous l'esthétique sublime de ses figures, elle magnifie leur force et leur fragilité en lien avec certaines de ses blessures.
Un voyage dans le monde
Anna nous propose « un voyage au cœur des visages du monde, les couleurs des tissus, les ornements, les odeurs des épices ». On devine à travers ses toiles, ses influences polyculturelles. Ses origines, algérienne, espagnole, portugaise, russe ... et d’abondants souvenirs de sa jeunesse baignée dans les quartiers colorés et multiculturels du 18 ème arrondissement de Paris ont donné naissance à Izzia, Kahina, Daya, Aïssatou, Aminata ... A leur égard, Anna porte une attention soignée à leurs expressions, regards, coiffes, parures, étoffes pour mieux les sublimer dans leur humanité. Anna reconnait, perfectionner dans ses portraits, ce qu’elle ne peut transformer sur elle-même.
L'artiste se sert d’un mélange subtil de techniques empruntées au dessin, développées depuis l’âge de 10 ans et de graphisme pour créer une beauté féminine très personnelle. Et la pigmente de mystère grâce un jeu nuancé de couleurs vives, chaudes, obscures et métalliques . Anna engage, entre l'esthétisme de ses peintures et le public, un dialogue qui interroge sur le véritable sens de la beauté contemporaine. Cette quête d’idéal et de normes inatteignables entraînant la plupart des femmes dans une spirale de haine d’elles-mêmes, de leur corps et de leur singularité.
L'acceptation de soi
« Je me reconnais enfin dans ce que je créée » se réjouit Anna, un tournant inattendu dans sa carrière d'artiste. Désormais, elle se dévoile à un public toujours plus nombreux sous le charme envoûtant de ses personnages. Une revanche pour cette jeune femme autrefois harcelée, complexée. « Ce ne sont plus mes souffrances qui se servent de moi, mais bien moi qui me sers d'elles ! Grâce à la peinture j'ai enfin repris le contrôle ».
Parmi les messages essentiels à retenir de cette exposition, c'est « l’acceptation de soi et l'ouverture sur les beautés du monde » philosophe Anna Joffo. Et parce qu’on ne peut la dissocier de toutes ses héroïnes. Devine t'-elle que, chaque regard affecté sur ses portraits, équivaut à lui déclarer, oh combien vous êtes belle Anna, femme, mère, artiste.
EXPOSITIONS
Du 5 février au 2 avril 2023 à la galerie Expérience au 139
139 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris
Du 21 février au 9 mars 2023 à l’Orangerie de Conflans Sainte-Honorine
3 Place Jules Gévelot, 78700 Conflans-Sainte-Honorine
www.annajoffo.com
annajoffo@gmail.com
Nathalie Khâ
Journaliste - Chroniqueuse Formée à l'ESJ Paris - INA - EMI - Formation Club France... En savoir plus sur cet auteur Dernier week-end des vacances. C’est la rentrée et nous nous l’affrontons tous en traînant nos galoches, ne sachant pas trop de quoi elle sera faite. Il y a un an, nous avions encore l’espoir que les problèmes et autres difficultés liés au Covid-19...