Altered Five Blues Band à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 4 mars 2023
michel
La tournée française du quintet ( d'où five) Altered Five Blues Band, venu en droite ligne de Milwaukee, qui a vu naître Steve Miller, un joker de première, passe par La Grande Ourse , qui renoue, enfin, avec les concerts blues.
Les aficionados, sevrés depuis des mois, ont répondu présent, il ne restait pas beaucoup de sièges inoccupés lorsqu'à 21h, une musique de fond juteuse annonce l'arrivée des gars du Wisconsin.
Le groupe naît en 2002, le curé du coin l'asperge d'eau du lac Michigan, en prononçant ces mots: que Dieu te bénisse, Altered Five.
Plus tard ils deviennent Altered Five Blues Band.
Il faut attendre 2008 pour voir arriver un premier album, 'Bluesified', composed entirely of cover version, dont 'Beast of Burden' des Stones.
Cold Wind Records, qui avait édité la galette, s'envole comme poussière au vent, le groupe doit dénicher un autre label, 'Gotta Earn It' sort en 2012 chez Conclave Records, la plaque contient une majorité de compos du groupe.
Quatre autres rondelles suivent , la dernière 'Holler if you hear me' de 2021, reçoit trois nominations aux Blues Music Awards.
Le titre "Cookin' in My Kitchen" sur 'Charmed & Dangerous' de 2017 avait été élu song of the year lors des Independent Music Awards.
En 2022, paraît '20th Anniversary', a limited edition vinyl collection of tracks from Altered Five Blues Band's most popular albums.
Ce relevé pour te signifier que le band au programme de cette soirée, ce n'est pas de la gnognotte.
En 2023, le line-up se lit: l'imposant Jeff Taylor - Lead vocals / Jeff Schroedl - Guitar / Mark Solveson - Bass guitar / Alan Arber - Drums / Steve Huebler - Keyboards.
Les quatre instrumentistes rappliquent et amorcent un rocking blues dégoulinant de groove, d'un pas nonchalant le colosse, Jeff Taylor, coiffé d'un petit chapeau aussi seyant que le canotier de Maurice Chevalier, remis à la mode par Elton John, se pointe et là, paf, t'encaisses une voix chaude et puissante, qui vient aussi bien de l'âme que des tripes..
Le titre, ' Right on, right on', vire boogie collant .
La Stratocaster de Jeff Schroedl, un gars qui a beaucoup écouté Stevie Ray, lâche des flammes, Steve Huebler, qui manie deux orgues dont un Hammond, ruse en contrepoint ( t'as lu quelque part , one of Steve's talents is improvisation. He never plays the same solo twice and his playing is always tasteful and organic... ça va se vérifier pendant toute la durée du set) , tandis que l'assise rythmique cimente un soubassement implacable.
Entrée en matière irréprochable, la suite sera du même acabit!
"Stay Outta My Business" menace Jeff Taylor à sa madame, te mêle pas de mes oignons, o k, je bois du Scotch et je fume des Havanes, et alors.... la guitare accentue le propos par un petit solo piquant.
Dans le même ordre d'idées, voici la confession suivante, ' Mischief Man', ...je le sais, je ne suis pas un saint... tout ça est enrobé d'un rythme qui déménage à la Bo Diddley.
Next one is a drinking song, clame Jeff.
Et les deux précédentes, petit ( façon de parler, il mesure plus qu'un mètre 62), c'étaient des cantiques?
'Great Minds Drink Alike', un shuffle pour intempérants déclarés.
Baby, je plaide non coupable, d'ailleurs comme Nougaro, j'ai fait venir les copains, ils sont tous là pour t'expliquer tout ça en musique.
Depuis un petit temps tu cherchais à tracer des parallèles, à droite et à gauche, t'as lu Freddie King, Buddy Guy, Muddy Waters et autres grands noms du Chicago Blues , mais tu tiens à les rapprocher des Fabulous Thunderbirds ou de Roomful of Blues de Duke Robillard.
Et puisqu'il est question de Chicago Blues, le quintet propose ' Heavy Love', un titre que Buddy Guy a enregistré en 1998.
Tandis que le frontman part étancher sa soir en coulisse, Steve Huebler nous place une envolée à faire pâlir Herbie Hancock, puis Mark Solveson en place une pas débile, il fait un signe à Alan, à toi, boum, boum, boum, sur tout ce qui l'entoure, et puis c'est au tour de Mister Strato de fignoler une tirade meurtrière, avant le retour du chef qui vient terminer la rengaine.
"Three Forks," est dédié à Robert Johnson et adapté du fameux ' Crossroads', il est suivi par la ballade "Holding on with One Hand" car tu le sais les bluesmen ont un coeur d'artichaut.
La guitare, une nouvelle fois, en exhibition!
Sérieuse poussée d'adrénaline avec ' I'm in Deep' et son solo d'Hammond qui a fait pleurer Rhoda Scott.
Il devait être dans la salle, on a cru le voir voleter au dessus du piano pendant un bref instant.
Plus étonnant, ils reprennent Tracy Chapman, ' Give me one reason', en lui donnant une toilette blues rock pas inconvenante.
"On My List to Quit" et ' Charmed & Dangerous' , bourrés de dynamite, nous conduisent vers la dernière plage du set, "Holler If You Hear Me", un nième uptempo chanté d'un timbre décidé, sur fond de blues électrique bouillonnant.
Après 90' de haute tenue, le band prend congé, la salle se lève, 12 secondes plus tard ils font leur retour, pour placer un 'Ten Thousand Watts ' qui, sur la balance, dépassent les 100000 volts attribués à Gilbert Bécaud.
En plaisantant, car il est bourré d'humour, le brave Jeff nous déclare , you might know this one, avant de proposer une version soul de ' With a little help from my friends' qui met fin à un concert qui entrera dans les annales de la salle!