La solitude du marathonien de la bande dessinée

Par Belzaran

Titre : La solitude du marathonien de la bande dessinée
Scénariste : Adrian Tomine
Dessinateur : Adrian Tomine
Parution : Octobre 2020


J’avais entendu parler de cette bande-dessinée au nom abracadabrantesque à sa sortie. Publié sous la forme d’un carnet (le dessin de la couverture étant à peine visible), cet ouvrage est une autobiographie dessinée par Adrian Tomine qui raconte ses « grands » moments d’auteur de comics. Le titre donnait plutôt l’impression d’un livre décalé et, pourtant, il y a beaucoup de vrai là-dedans ! Le tout est publié chez Cornélius pour 156 pages.

Égratigner le milieu de la BD

Ce journal est écrit sous forme de saynètes décrivant toute une série de moments gênants pour Adrian, mais reconstruisant avant tout les grandes étapes de sa vie. D’abord enfant dans le prologue, on le retrouve vite jeune auteur de BD. Sa timidité, ses angoisses, ses malaises sont toujours liés à la bande-dessinée. C’est ce qui donne l’intérêt de l’ouvrage : s’il est facile de prendre un timide/angoissé et de raconter comment il rate plein de choses à cause de ça, Adrian Tomine choisit un angle précis pour attaquer le sujet.

Si la fin ne met pas de doute sur le côté autobiographique, on pourrait croire au départ à une satyre du milieu du comics. En effet, le personnage publie ses premiers comics, se fait recadrer quand il change de maison d’édition, puis narre ses échecs en dédicaces, ses peurs de croiser des fans… Le tout est assez drôle, à mettre en parallèle avec certains ouvrages de Fabcaro sur le sujet, même si Tomine reste bien plus sage. Et au fur et à mesure que l’on s’habitue au personnage, les surprises sont un peu moins présentes. La dernière scène, trop longue, est vraiment lourde par rapport au reste de l’ouvrage et nous amène une fin un poil téléphonée.

Adrian Tomine a fait le choix de dessiner sur un carnet quadrillé. D’abord surpris, le lecteur s’apercevra que cela n’est jamais réellement utilisé graphiquement, à part pour donner l’impression de lire le carnet même où le dessinateur aurait produit ses planches. En cela, c’est plus gênant qu’autre chose. Le trait d’Adrian Tomine est simple et adapté à l’ouvrage. Son gaufrier à 6 cases carrées ne bouge pas d’un poil du début à la fin. Là aussi, ce n’est pas le but de l’ouvrage.

« Journal d’un marathonien de la bande dessinée » est un ouvrage sympathique. Si le rire est rare, le sourire est souvent sur les lèvres quand les scènes s’enlisent pour le personnage. Plus qu’un ouvrage introspectif, ce livre égratigne le milieu du comics où les stars restent des inconnus dans la vie de tous les jours.