" Lorsque Staline avait terminé un discours, tout le monde surveillait ses voisins du coin de l'œil pour ne pas être le premier à cesser d'applaudir. " (Alexandre Soljenitsyne).
Au moins, c'est clair ! Les références sont là. Le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine faisant l'éloge de Staline. Probablement la nostalgie du KGB. C'est vrai qu'aujourd'hui, on le voit moins faire l'éloge de Y a-t-il un stalinien dans la salle ? Nelson Mandela, de Jean-Paul II, de Mère Teresa ou de Gandhi. Le dictateur communiste (pléonasme) Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine". Joseph Staline est mort il y a soixante-dix ans, le 5 mars 1953, à Moscou, après des années de paranoïa au point de faire exécuter ses propres médecins ! À l'époque, cette mort avait suscité toute une vague de pleurnicheries en tout genre, non seulement de la nomenklatura soviétique, mais aussi de nombreux communistes européens, est-européens (sous influence soviétique) mais aussi ouest-européens, de leur propre libre arbitre ! Et même L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes ! Édouard Herriot, radical, maire de Lyon, ancien chef du gouvernement français et Président de l'Assemblée Nationale, a rendu hommage au dictateur dans l'enceinte de l'hémicycle en apprenant la nouvelle !
En fait de chagrin, on a vite pu s'apercevoir qu'il y avait un certain soulagement dans la population russe qui a dû le subir pendant plus d'une trentaine d'années. En effet, Staline a été le numéro deux de la dictature soviétique qui s'est mise en place après la Révolution russe, après Lénine très vite malade et disparu. Kherson libéré, mais menace nucléaire ?
Staline a été Secrétaire Général du Parti communiste de la Russie puis de l'URSS (PCUS) du 3 avril 1922 au 16 octobre 1952 (titre supprimé) et Président du Conseil des ministres de l'URSS du 6 mai 1941 au 5 mars 1953. Il a été le chef tout-puissant de l'Union Soviétique de 1922 à 1953 et à partir de 1929, sans aucun contrôle de collégialité.
Le 13 mai 1935, à Pierre Laval, Ministre français des Affaires étrangères, ancien et futur Président du Conseil de la France (il allait le redevenir dès le 7 juin 1935), qui lui recommandait d'être un peu plus conciliant avec le Vatican, Staline répondit : " Le pape ? Combien de divisions ? ". J'aurais tendance à demander à Staline : combien de morts ? (On pourrait aussi le demander à Pierre Laval, mais c'est une autre histoire).
Car les victimes du stalinisme sont certainement plus nombreuses que les victimes du nazisme, et pourtant, Hitler reste le mal absolu (ce que je conçois), mais Staline ne vaut certainement pas mieux en ce qui concerne des valeurs que je considère pourtant universelles, celle par exemple qui respecte la vie humaine, même d'adversaires politiques. Staline n'était pas le premier, et hélas pas le dernier non plus, à avoir éliminé physiquement ses (nombreux) contradicteurs et ses (encore plus nombreux) contradicteurs supposés.
La réponse à cette question est pourtant très incertaine tellement les victimes ont été nombreuses. Pour ne donner qu'un exemple, voici par exemple la première page d'une liste de 346 personnes à exécuter proposée par Béria (l'impitoyable Ministre de l'Intérieur) en janvier 1940 et approuvée de sa main par Staline. Juste une signature, ok, comme une simple note présidentielle à la marge quand François Mitterrand lisait un rapport du Conseil d'État. Sauf que là, c'est 346 vies humaines, leurs familles, leurs amis, qui sont partis en poussières en un tour de crayon... Dmitri Vrubel.
Des spécialistes ont évalué à entre 4 et 10 millions de morts le nombre de victimes du stalinisme hors famines. En rajoutant les victimes des famines, on dépasse 20 millions de morts (en particulier des millions d'Ukrainiens, pas étonnant qu'il y a une volonté de résister au pouvoir central russe). On est loin des 6 millions de la Shoah (sans faire de relativisme), mais aussi très loin des victimes de Mao (historiquement, champion du monde toute catégories).
Se référer à Staline a donc une signification très claire, celle de dire à Terre entière que la vie humaine ne vaut rien. Et qu'il est prêt à sacrifier jusqu'au dernier Russe (avant lui) pour préserver la dignité de la Russie (qui n'a plus rien de digne avec tous ces crimes de guerre). Ce qui, finalement, malgré l'aveuglement initial de certains dirigeants étrangers, n'est pas très étonnant de la part d'un ancien agent du KGB qui avait commis des attentats contre le propre peuple russe pour attaquer les Tchétchènes et asseoir sa popularité.
Et par là même, Vladimir Poutine nous rappelle que, contrairement au nazisme, jamais Staline, ni le stalinisme, ni le communisme n'ont été jugés par un tribunal international au regard de l'Histoire. À quand donc le Nuremberg du communisme ? À défaut de cour internationale pour juger Poutine.
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