Parfaitement adaptée à une population qui perçoit l'essentiel de ses primes annuelles – voire de son salaire – sous la forme d'actions de l'entreprise, l'offre concoctée par les deux partenaires propose de substituer, en totalité ou en partie, une mise en garantie de leurs titres Amazon à l'habituel apport personnel. Au lieu de devoir contribuer 100 000 dollars pour un crédit de 400 000 dollars, le candidat à l'achat pourrait par exemple engager 200 000 dollars de son portefeuille (la valeur nominale étant retenue à 50%).
Le système, parfois mis en œuvre pour les individus possédant un patrimoine important, présente plusieurs avantages significatifs, notamment en comparaison d'une vente qui serait destinée à générer les liquidités requises pour l'apport personnel. En particulier, l'opération est sans incidence fiscale et permet de continuer à miser sur une progression du cours à long terme (argument critique pour Amazon à l'heure ou sa performance boursière est en berne et où ses responsables déconseillent donc les cessions).
En contrepartie du surcoût qu'il entraîne, qui s'élèverait (tout de même !) à 0,5 à 2,5% supplémentaires par rapport aux taux d'intérêt de référence, il se veut aussi plus « conciliant » que les emprunts sur actions classiques, évitant toute mauvaise surprise aux souscripteurs. Ainsi, aucun appel de marge ni autre demande de caution additionnelle ne sera jamais émis, quelle que soit l'évolution du cours sur les marchés (d'où la prise en compte à moitié prix, qui constitue la seule protection de Better contre son risque).
Bien qu'Amazon préfère afficher l'initiative comme une composante de sa stratégie en faveur du bien-être de ses collaborateurs – dans ses dimensions physiques, psychiques et, ici, financières –, elle est également directement liée à la conjoncture. Outre la perte de valeur enregistrée en 2022, qui a conduit à des changements dans sa politique de rémunération, le géant du e-commerce tente de compenser les quelques 18 000 employés licenciés ces derniers mois, qui sont éligibles à l'« Equity Unlocker ».
Incidemment, les dirigeants sont certainement enclins, indépendamment des aléas de la bourse, à encourager leurs effectifs à conserver leurs titres, comme une sorte d'assurance de fidélité rudimentaire. Pour Better, qui envisage maintenant de développer cette gamme de produits auprès d'autres grands groupes, cet aspect pourrait être un autre élément de motivation, en complément de l'introduction d'un avantage salarié original, bienvenu dans les régions où les prix de l'immobilier sont inaccessibles.