Foodsaga – La Quenelle de brochet

Par Gourmets&co

Le mot « quenelle » est un emprunt à l’allemand Knodel (boule de pâte). Quenelle apparait dans le « Dictionnaire des aliments » en 1750 et officialisé définitivement en 1794 dans le « Dictionnaire de l’Académie ».
Au commencement, c’est une préparation très rustique à base de mie de pain mouillée, graisse de veau, et chair de volaille ou de poissons. L’ensemble est broyé au mortier et modelé en forme de saucisses que l’on fait pocher à l’eau.

Lyon

La quenelle apparait à Lyon en 1830, d’après l’auteur Félix Benoit dans son livre « La Cuisine des traboules » et si ce n’est pas une invention lyonnaise elle va vite en devenir l’emblème. Comment ? Pourquoi ?
Vraisemblablement, et c’est sans doute un des facteurs les plus importants, par la proximité des rivières et étangs autour de Lyon qui regorgeaient de brochet, par ailleurs un poisson difficile à transporter loin car d’une chair fort délicate. Dans son « Dictionnaire Universel de Cuisine », en 1890, Joseph Favre parle pour la première fois d’une recette de Quenelles de poisson à la lyonnaise, à base de chair de brochet, graisse et moelle de bœuf, et de panade (appareil à base de farine, eau, lait qui sert de liaison). Premier mélange de maigre (poisson) et de gras (bœuf) qui sera la marque de fabrique de la quenelle lyonnaise jusqu’au XXème siècle.

Les « inventeurs »

La grande question est : qui a mis au point la quenelle telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Deux théories s’affrontent autour de deux personnages, sans doute aussi essentiel l’un que l’autre.
Tout d’abord, un certain Louis Légroz, propriétaire de la charcuterie Le Petit Vatel en revendique la paternité en 1907. Il se lance dans la fabrication de la « quenelle nature », à base de farine, beurre, œuf, lait, et assaisonnements. Pas de brochet, pas de poissons, pas de gras. Il obtient cependant un grand succès pour cette variation sur la quenelle. Aujourd’hui, c’est la famille Vaivrand qui perpétue la tradition toujours au Petit Vatel, à Lyon.

L’autre postulant au titre d’inventeur est Joseph Moyne, lui aussi fils de charcutier lyonnais. Il ouvre sa boutique de traiteur en 1904 puis décide de remettre en avant la quenelle mais cette fois dit-il « la recette définitive ». Recette confirmée dans le livre de Mathieu Varille « La Cuisine Lyonnaise » en 1928 qu’il définit comme « la vraie quenelle lyonnaise ».
Il la fabrique en travaillant dans la finesse tous les éléments : beurre fin, panade bien cuite, une pilée (chair du brochet pilée dans un mortier) moins consistante, mais du coup plus difficile à rouler. Il invente alors deux cuillères spéciales pour tailler les quenelles dans la forme aux bout pointues que l’on connait depuis. Succès énorme. Tous les gourmands et gourmets de la ville, et il y en a, se précipite chez Moyne. Les mères Brazier et Fillioux, archi-célèbre à l’époque, chacune trois étoiles au guide Michelin, servent les quenelles « Moyne » à leur table. Mais, l’histoire vire à la tragédie avec la mort soudaine de Joseph Moyne en pleine gloire en 1926.
Rendons lui hommage car c’est sans aucun doute lui qui a légué à Lyon, aux lyonnais, et à la France entière, la véritable quenelle de brochet lyonnaise, cette institution gourmande de la ville qui dure et qui perdure…

Sauce Nantua

Arrivée plus tard pour accompagner la quenelle, la sauce « à la Nantua » est née sur les bords du grand lac du même nom, dans l’Ain. Elle est à base de beurre, de farine, de lait, de crème fraiche et des fameuses écrevisses à pattes rouges, flambées au cognac, qui vont donner sa couleur à la sauce. Elles étaient très nombreuses dans le lac et les rivières alentour de la ville. Cette sauce accompagne traditionnellement, poissons, crustacés, riz, et surtout la quenelle de brochet. Un mariage d’amour qui ne s’est jamais démenti…

Accord plats & vins

Vigneron : Julien Rémillon
Domaine Piron
Beaujolais
Une réussite exemplaire. Le Domaine Piron s’étend sur quelques 85 hectares de vignobles répartis sur plusieurs crus du Beaujolais. Morgon dont il est issu, Chénas, Moulin-à-Vent, Régnié, Fleurie, Chiroubles, Brouilly, presque personne ne manque à l’appel. Un homme qui connait le Beaujolais, son histoire et son actualité, comme sa poche. Un vigneron ouvert sur les techniques d’aujourd’hui tout en restant fidèle à son héritage. Un homme sympathique, vivant, passionnant et dont les vins, pour la plupart, sont remarquables.
Dans le vignoble il pratique une viticulture durable et en biodiversité. La vinification est traditionnelle, des longues macérations et un élevage partiel et modéré en fûts. L’ensemble de sa production se décompose en cuvées parcellaires, cuvées classiques, et cuvées régionales.

Beaujolais blanc, 2021
Cépage : chardonnay
Une couleur peu répandue dans le Beaujolais et c’est dommage car cette version du chardonnay est tout à fait remarquable. Un vin blanc de très belle couleur entre le jaune paille et l’or paille. Un nez frais et riche sur des notes d’agrumes et de pèche. Une bouche à la fois fraiche et grasse pour un vin tout à fait recommandable et qui épouse merveilleusement la quenelle de brochet. Très bon rapport qualité / prix. En vente chez les cavistes.

Beaujolais Les Cadoles
Rouge, 2020
Cépage : gamay
Un assemblage de plusieurs parcelles. Une belle couleur, avec des arômes de fruits rouges, plutôt vers la groseille et, en bouche, une matière soyeuse et beaucoup de fraicheur qui va permettre un bel accord avec la quenelle de brochet. Prix avantageux pour la qualité.

Hameau de Morgon
69910 Villié-Morgon
piron@domaines-piron.fr
www.domaines-piron.fr
Restaurant Aux Lyonnais
32, rue Saint Marc
75002 Paris
Tél : 01 42 96 65 04
www.ducasse-restaurant.com