Physique quantique et Tantra

Publié le 04 mars 2023 par Anargala

Selon la physique quantique, les particules qui constituent toute chose 

1) sont d'abord dans plusieurs états à la fois, puis elles se posent dans un état quand on les observe ou les mesure. Et aussi, les particules interagissent et se délimitent mutuellement.

mais,

2) tous les états ne sont pas possibles. Seules certains niveaux ou quantités d'énergie (les quanta) sont possibles. Par exemple, 1 et 2 sont possibles, mais pas 1,0009. Il existe un nombre limité d'état possibles, de formes élémentaires.

Or, ces deux points sont à rapprocher de deux points de la philosophie de la Reconnaissance qui est, en gros, la philosophie du Tantra :

1) Tout mouvement de la conscience (perception, pensée, désir...) est d'abord dans tous les états possibles. Puis certains états sont exclus, et finalement ne reste que "ce que je connais, de cette manière, ici et maintenant". C'est ce que le Tantra nomme "exclusion" ou "contraction". Ainsi, toute perception/désir est, pris à sa source, en son premier instant jaillissant, perception de tous les états possibles, désir de tous les objets possibles. C'est ce que l'on ressent plus vivement quand, par exemple, le processus de choix habituel est bloqué. Par exemple, quand je n'arrive pas à me souvenir d'un mot, quand je n'avoir pas à "savoir" ce que je vois, etc. Le mouvement de contraction, ressemblant à "l'effondrement de la fonction d'onde", est alors comme bloqué, et l'état de plénitude, équivalent à l'état de superposition des états quantique, est mis en évidence.

2) Tout n'est pas possible. Il y a un nombre limité d'éléments de base. Par exemple, les couleurs. Puis, en se combinant, un nombre infinis de choses deviennent possibles. Par exemple, les lettres de l'alphabet sont en nombre fini. Mais leurs combinaisons semblent infinies. Les mots et les discours que l'on peut former avec un petit nombre de phonèmes est sans limite. Ces éléments se délimitent les uns les autres, engendrant l'impression d'avoir affaire à des entités uniques, différentes les unes des autres.

Une fois ce rapprochement fait, il est tentant d'expliquer, comme le fait le Tantra, certaines expériences de plénitude. Et la physique quantique viendrait corroborer ces expériences. Ainsi, quand je reste "sans choisir" un état ou un objet parmi les possibles, sans exclure parmi ces possibles, j'éprouve une sensation de plénitude qui s'explique par cette "superposition" où, à l'échelle des particules élémentaires, plusieurs états existent simultanément. 

Puis, cette plénitude est contractée et semble perdue de vue quand un choix est fait : "je vois cet arbre, ici et maintenant". Mais si je reste simplement dans l'état du premier instant, où tout existe simultanément, alors cette arbre est tout, à tous les temps. Abhinavagupta développe ce point dans son Parâtrîshika-vivarana

Ce rapprochement est peut-être bien légitime, parce que les opérations dans notre cerveau se déroulent aussi, semble-t-il, à l'échelle des particules où les propriétés quantiques ont encore cours, avant de se "contracter" aux plus grandes échelles.