Parmi nous. Qui est-ce, « nous » ? Ceux dont on ne voit dans ce film que les policiers, les gardes avec des chiens. Ou dont on voit les camions, les voitures. Voitures qui peuvent aussi tuer. Chiens dressés pour attaquer, mordre. Et parmi nous, il y a donc ceux-là, marchant dans les bois, ceux-là qui n’ont rien ou parfois seulement la tente d’un autre qui n’est jamais revenu.
Deux longs textes arrivent vers la fin. Deux textes en écho.
Le premier dit : « À nouveau je franchirai les mers
Sachez maintenant qu’à chaque fois je serai plus nombreux
Qu’à chaque fois je serai un de plus
Et qu’à chaque fois il faudra nous reconduire plus loin encore
Bientôt viendra un temps où vos bras seront trop faibles
vos voitures trop petites
et vos avions trop chargés
Bientôt viendra un temps
où une foule s’installera aux portes de la ville
et vos enfants de vos fenêtres en entendront les cris
Nous nous tiendrons là
dressés comme vos propres fantômes
Et il n’y aura ce jour-là
plus nulle part où nous ramener
car toutes les mers auront déjà été traversées
et toutes les frontières auront été franchies. »
Le deuxième texte parle du grand siège, devenu plus tard le siège, puis, comme plus rien ne changeait, on ne l’a plus nommé du tout « et on a continué sans bouger à regarder les feux de camp brûler aux portes de la ville. »
En regardant ce court-métrage, réalisé en 2011 par Clément Cogitore, j’ai pensé souvent au texte de la Khta Compagnie où l’on entend cette phrase, dite en nous regardant dans les yeux : « Je suis nombreuse ». Son titre : « Demain arrive (je suis une autre toi) ».
L'image ci-dessus est extraite du film.