Album - MANUELA IWANSSON - Dark Tracks

Publié le 02 mars 2023 par Concerts-Review

MANUELA IWANSSON - Dark Tracks 2022

IWANSSON, on va forcément ouvrir! C'est pas Yvan mais Manuela et on ne regrette vraiment pas d'avoir ouvert.
La suédoise (one non blonde) de Stockholm chantait auparavant dans Terrible Feelings et n'hurla pas dans Hurula car elle tenait la basse.
Ensuite on ne sait pas si Manu rêva mais son 1er EP s'appelle 'Dream Lover' et son nouvel LP 'Dark tracks'.
Sur la pochette, un joli visage maquillé, sèchement taillé, cheveux longs et boucles d'oreille pendantes... Le regard volontaire marque les esprits.
Photo avec du grain monochrome, opposé à la couleur bleue de l'identification de l'interprète et de l'œuvre figurant, sans artifices, en partie haute.

L'artiste confie que Go-Go's, Gun Club, Bonnie Tyler, Blondie, Pat Benatar, Suzi Quatro et Billy Idol sont d'énormes influences 'mais je viens du punk!' corrige-t-elle.
Je dirais même plus, elle en sort, par le post-punk, avec des guitares distordues mêlées aux effets des synthés.
Ma perception s'orienterait donc plutôt vers Gang of Four, Buzzcocks, Magazine, Echo and the Bunnymen, Gary Numan... ou même le debut album des B-52's.

Première caresse auditive, on entend autant les guitares que les claviers. Les arpèges, en boucle, sonnent et parfois dissonent.
Le rythme de 'Strangers in the night', pourtant enlevé, se cale plutôt sur un TER que sur un TGV.
Les mots 'Station to station' (sans Bowie), prononcés dans un chant douloureux, lancent l'exploration d'une rupture.
L'accélération, sans crier gare, sur le refrain secoue franchement et derrière, se dévoile un clavier à la Tubeway Army.
Un solo lumineux de guitare, sur des arrangements tempétueux, clôt la plage.

Un motif à la batterie démarre la composition suivante avec un clavier à bulles (pour le niveau), la guitare zébrante se contentant d'accords vifs à échos.
Le ton de Manuela se développe en narration jusqu'au refrain plus expressif.
'Wishing well' accueille ensuite des chœurs masculins donnant une nouvelle envergure aux arrangements jusqu'à l'arrêt brutal.

Des effleurements de guitare déchirée se cachent derrière des moulins à la batterie pour 'Piece of you', un duo avec l'amatrice de country, Bria Salmena (Orville Peck, FRIGS, Bria).
La voix trainante de Bria change la donne avec un glissando de guitare.
La basse monte sur les temps forts. La voix de Manuela joue la sinusoïde avec quelques pics furieux.
Un passage central laisse s'exprimer la folie meurtrière des instruments écartelés.
Puis le rythme de croisière reprend ses droits avec plusieurs lignes vocales ensemble.

Une gratte, un peu désaccordée, balançant des flèches pleines de réverb, pose le cadre.
Basse batterie serrent les rangs sur une ligne très droite.
Manuela suit fermement la même direction 'Deep somewhere in Texas'.
Au millieu de la plage, un synthé, aux airs extraterrestres, louvoie puis la 6 cordes insiste en griffures.

Encore un fondement rythmique répétitif en équipe avec une guitare vivace.
Quelques gimmicks au synthé viennent agrémenter 'Boys of summer'. La côté percussif ne quitte jamais ce morceau fougueux.
Sur le refrain, les voix, prolixes, se répondent ou s'accompagnent.

'Loving is easy' émeut, avec sa voix vibrante et touchante, évoquant une rencontre sur une mélodie captivante.
Le flanger, sur la guitare à l'intro, augmente le côté émotionnel. La gratte devient ensuite beaucoup plus grondante.
Le morceau possède un effet d'entrainement imparable, délicatement ornementé de touches aux claviers.
Aux deux tiers, les vocaux, ensemble, relancent la sauce finale pimentée d'un solo de 6 cordes.

Iggy aurait-il été invité? Le riff de guitare, tout en distorsion, apprécie 'I wanna be your dog'.
La cadence, sans dénivelé, maintient le développement rectiligne.
Les voix fleuries et les effets pétillants et variés au synthé viennent changer la tonalité sombre du départ.
'Dead Weight' pèse son pesant de dark tracks, un délice!

La guitare monochromique et la batterie insistante ouvrent sèchement 'Blank surface' avec l'aide d'une basse bourdonnante.
Le synthé moiré amène un peu de légèreté puis d'emphase permettant au chant mélancolique de Manuela de moduler.
Son look de rockeuse de charme, sur le clip, rappelle fortement Chrissie Hynde.

'Into the sun' déraille-t-il sur les 'dark tracks'?
Pas du tout! Une basse, au son grave et saturé, associé à une batterie minimale, pose une cadence immuable.
Par petites touches au départ, le synthé versatile s'éclate ensuite, en interventions saillantes, la guitare étant limitée à un accompagnement discret.
La voix féminine, jamais décontenancée, ne déroge pas, par ses sentences monotones.
Les cymbales annoncent l'arrivée du timbre profond, venant de Cave, pardon... de l'australien Jack Ladder. Hypnotique!

Saxon aime 'Denim & Leather', Manuela se contente de sa leather jaquette.
La composition, légère et un peu perchée, avec des synthés kraftwerkiens et une voix robotique par instants, ne dévie pas d'un iota.
Une brève frivolité amusante en conclusion.

Le chant de Manuela, à la fois déterminé et en même temps vulnérable, apporte beaucoup de personnalité à ce disque.
Elle développe, avec beaucoup d'assurance, ses compositions, chatoyantes et toniques, dans un esthétisme eighties.
Chaque morceau possède son harmonie propre tout en restant dans une ambiance cohérente, un peu triste de cold wave.
Le comble, ce sentiment nous transmet finalement un plaisir infini comme une madeleine de Proust.
Magnifique album!!

1.Strangers on a Train 04:33
2.Wishing Well 03:08
3.Piece of You (feat. Bria Salmena) 03:38
4.Deep Somewhere in Texas 04:19
5.Boys of Summer 02:59
6.Loving Is Easy 04:16
7.Dead Weight 03:22
8.Blank Surface 03:35
9.Into the sun (feat. Jack Ladder) 05:58
10.Leather 02:03
Bria Salmena, Jack Ladder, Johanna Engdahl, Sandra Widman, and Martin Nilsson on vocals
Henrik Palm on guitar
Hugo Mårtensson, Erik Klinga, and Jonna Löfgren on drums
Elias Jungqvist on synths; Johan Öhman on AKAI MPC 2000, and Joakim Lindberg on guitar and vocals..

https://www.facebook.com/manuelaiwanssonmusic/

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