Au bord du lit de Claude Debussy, dans ses derniers jours, est assise Lady Madeline, de la Maison Usher. Le musicien a accepté quelques années auparavant de composer un opéra sur cette nouvelle d’Edgar Allan Poe. Mais la tâche est difficile. Et la maladie tient l’homme au lit, entouré cependant par sa femme et sa fille. La nuit, Lady Madeline pousse la porte de la chambre, vient s’asseoir au bord du lit et raconte son histoire. Emmanuel Régniez nous fait entrer, comme Lady Madeline, dans la chambre de celui qui ne pourra pas terminer son opéra. Il lui prête quelque ressemblance lointaine avec Roderick, le frère jumeau de Lady Madeline, notamment un « développement frontal excessif », que Debussy connut aussi dans sa jeunesse. Roderick ne supporte pas la musique, exceptées celle des cordes, et joue de la guitare. Quel opéra aurait écrit Debussy, que la maladie empêche de descendre de sa chambre malgré les bombes de la guerre ? La musique a-t-elle donc tant à faire avec le diable ?
Ce livre, qui se termine avec la nouvelle d’Edgar Allan Poe, dans la traduction de Baudelaire, nous plonge dans la souffrance, certes, mais aussi dans l’effort constant, constamment renouvelé, même si le mal rappelle qu’un corps n’est qu’un corps, vers la beauté, « seulement la beauté ».