C’est la maison de l’enfance,
quittée trop tôt,
oubliée.
Elle est là, au bout du chemin pierreux,
bordée des genêts fleuris,
taches jaunes sous le grand ciel noir.
La vieille grille s’ouvre lentement,
éternel cri plaintif,
blessure profonde de l’âme.
Je caresse les arbres du jardin,
ces amis fidèles d’autrefois,
au pied desquels je venais lire
pour combler ma solitude.
La porte résiste un instant
puis me laisse passer,
ayant reconnu l’enfant que je fus.
Des ancêtres inconnus m’accueillent
dans une mensongère proximité,
immobiles dans leurs cadres,
cloués au mur pour l’éternité.
Le grand meuble en chêne est toujours là,
Et ça sent bon la cire et la térébenthine
Appliquées dans les temps jadis
Par une mère trop tôt disparue.
Comme une eau dormante dans l’ombre,
le miroir m’attendait.
Ma silhouette s’y devine,
Figée dans le temps.
J’ai toujours dix ans,
enfin je crois.
Il est bon de répéter les anciens chemins
qui mènent à notre âme.
Il est bon d’écouter le silence
qui peuple les miroirs.
Combien de lunes passeront encore
avant de revenir en ces lieux ?
Combien d’hivers, combien d’étés,
avant de comprendre la nostalgie
qui m’habite depuis le premier matin de mon enfance ?