"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d'un ami qui me comprend c'est Robocop il ne marche pas très vite on dirait un escargot indestructible imputrescible un escargot luisant comme le firmament avec un morceau de peau de visage de tête d'homme tapissé sur le devantOn passe des jours entiers à rien foutre lui et moiau bord du canalen buvant des canettesde bière brune au caramel Il me dit qu'il aime bien les canardsça lui rappelle quand il était humainil me dit souvent comme ça"les canards c'est comme quand j'étais humain" et lorsque ses circuits surchauffent un peulorsque ses piles se glacentque ça lui remonte au ciboulotparce que les souvenirs de canards et les idées tièdes de pain au raisin et les douches brûlantes que ça lui martèle le cortexsouvent il active son turbo jetet s'envole dans les airs suaveset je ne sais pas trop où il se casse où il prend le large la tangente en solo sans se retournerj'imagine qu'il veut juste planer un peuse vidanger dans les nuagesmater ce que font les humains les gens chez euxet gribouiller des ACABdans le ciel bleuavec son carburant."Anaël Castelein extrait de: "Poèmes tristes pas mauvais et poèmes joyeux presque bons" Editions Vanloo
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Mon dieu est un enfant
- bonjour, quel est ton nom ?— appelles-moi “vie” ou “ami”…
— quel est ton pays ?
— la Terre, la Nature, l’Univers…
— me dirais-tu ton âge ?
— insectes, bébêtes sont mes pairs…
— quel est ton métier, ton savoir faire ?
— je suis un peu sable, un peu oiseau…
— comment vis-tu ?
— lorsque je vois un hérisson
ah, pouvoir sourire
c’est ça la richesse
s’élever à la vie
— as-tu beaucoup de dettes, d’arriérés
— je me suis endetté auprès d’un écureuil
— que lui dois-tu ?
— j’ai envié sa vie…
— combien d’heures dors-tu ?
— moi, je ne sais pas, c’est mon chat qui le sait…
— où sont tes amis, tes proches ?
— toujours autour de moi, tout près…
— m’en citerais-tu quelques uns ?
— les chevaux, les ruisseaux et le ciel…
— est-ce pour nous cette pierre ?
— tant qu’on la serre sur la poitrine…
— comment t’entends-tu avec l’humain?
— désolé, pas très bien…
— que t’a‑t-il fait l’humain ?
— ce qu’il a fait à ce lac…
— il n’y a pas de lac ici
— ici, il y avait un lac
ce qu’il en reste derrière
sur mon petit doigt
une fraîcheur mouillée…
— mais tu es humain, toi aussi
— je suis vie, pas humain…
— tes mains, ton visage, ton corps ?
— pas supérieurs à la rivière…
— si tu me décrivais la paix ?
— larme dans l’œil de la lune…
— pourquoi la lune pleure-t-elle ?
— pour l’ambition, la vanité et la persécution…
— chantes-tu parfois ?
— dans la langue du vent…
— n’as-tu jamais été humain?
— de temps à autre selon mon gré…
— racontes-moi ton enfance,
as tu élevé des poussins ?
— élever ? Comme c’est honteux…
la raison de ma sérénitéc’est le partager avec les animaux ce monde de trois jours… — de qu’elle religion serais-tu ? — les roseaux n’ont pas de religion… — ne pries-tu même pas ? — mon dieu est un enfant…
— où est cet enfant maintenant?
—
dans le rêve d’un chat…
— que fait-il là bas ?
—
il rêve
de l’amour et de la liberté
il murmure
doucement
“un autre monde est possible”
"Sécheresse, pesticides, sexisme...les cinq défis de l'agriculture française"
à lire chez REPORTERRE