Quelle note donner à un roman dont j’entrevois toutes les qualités, mais qui ne m’a pas plu au point d’hésiter à le terminer ? C’est la question du jour, à laquelle je vais essayer de répondre au fil de ce retour moins positif qu’espéré… et que mérité… car comme dirait Confucius : « Lorsque l’on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ce n’est pas forcément le pot qui est vide » !
La « doublure » dont il est question se nomme Evie Perraud, une jeune femme de vingt-trois ans à la recherche d’un nouvel emploi et d’une nouvelle vie, lorsqu’elle croise le chemin de Pierre Manan, un riche homme d’affaires qui cherche justement une assistante pour sa femme Clara, alias Calypso Montant, une artiste peintre en pleine ascension. Un job qui ne se limite pas à organiser des expositions et à répondre aux mails de l’artiste, mais qui consiste également à se faire passer pour Calypso Montant lors d’événements publics, en tant que doublure de cette patronne qui désire uniquement se consacrer à ses tableaux…
Bon certes, je ne suis pas particulièrement fan de peinture, mais la vue de « L’empire des lumières » au musée Magritte m’ayant laissé sans voix, je ne suis pas non plus réfractaire à cette plongée dans le monde de l’art proposée par Mélissa Da Costa. Sauf qu’ici, on baigne dans le romantisme noir, dans un univers sombre, malsain, pervers, morbide et glauque, parsemé de références à Goya, Baudelaire ou le marquis de Sade, beaucoup trop éloigné de ma réalité et dans lequel j’ai été réfractaire à me projeter.
Cette incapacité à pouvoir entrer dans le roman n’était pas uniquement dû à ce fond artistique beaucoup trop sombre, mais également à ce trio de personnages qui n’est pas parvenu à me séduire. J’ai eu du mal à comprendre la plupart des décisions d’Evie et n’ai pas du tout adhéré à ce triangle relationnel particulièrement toxique et destructeur, parsemé de drogues, de sexe et de manipulations. Du coup, j’ai beaucoup apprécié les quelques passages qu’Evie passait en compagnie de personnages secondaires, tels que Gaël et Irène, bien loin de l’emprise de ce couple diabolique.
Bref, ce virage entamé par Mélissa Da Costa (lisez « Tout le bleu du ciel »), loin du « feelgood » et de la normalité, propulsant le lecteur dans un thriller d’une noirceur et d’une violence psychologique extrêmes, m’a totalement laissé sur le bord de la route. Et c’est surtout dommage pour moi, car le talent d’écriture est là, la descente aux enfers finalement suffocante, le parallèle biblique entre Evie/Pierre/Clara et Eve/Adam/Lilith parfaitement exploité et le final particulièrement réussi.
La Doublure, Mélissa Da Costa, Albin Michel, 576 p., 20,90 €
Elles/ils en parlent également : Maeve, Audrey, Laurence, Karine, Jessica, Elodie, Virginie, Lily, Julie, Jean-Paul, Mag, Mes échappées livresques, Petite étoile livresque, Mes p’tits lus, Célittérature, Valmyvoyou
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