Un cours de Damien Theillier.
Dans les manuels scolaires, on apprend souvent que le libéralisme économique est une idée étrangère à la pensée française. Cette vision simpliste néglige à la fois les apports de l’économie politique française du XVIIIe siècle et des grands penseurs français défenseurs de cette doctrine.
Renommée mondiale de Bastiat
Frédéric Bastiat (1801-1850) est l’un d’entre eux puisqu’il incarne l’une des figures intellectuelles du libre-échange au niveau mondial et s’illustra tant par ses écrits que par ses actions. Dans cette séquence, Damien Theillier, professeur de Philosophie et directeur de l’École de la Liberté nous présente la trajectoire de cet économiste et pamphlétaire talentueux.
Il revient sur les moments clefs de son existence qui l’amenèrent progressivement à devenir l’un des plus ardents défenseurs du libre-échange en France. Issu d’une famille basque, il hérite d’un domaine agricole qu’il va gérer comme un gentleman farmer tout en s’engageant dans les affaires publiques de sa région d’origine.
Parallèlement, il s’instruit sur l’économie politique en lisant les œuvres d’Adam Smith, Destutt de Tracy et Charles Dunoyer. Mais c’est en Angleterre, au contact de Richard Cobden et la ligue du libre-échange, qu’il décide de populariser ses idées en écrivant dans le Journal des Économistes.
Bastiat intellectuel complet
Il publie ensuite la première série de ses Sophismes Économiques, enseigne l’économie politique à Paris et il crée l’association pour la liberté des échanges en 1846. Elle rassemble des négociants, des économistes, des industriels et des députés dans toutes les grandes villes de France.
La Révolution de février 1848 va donner l’occasion à Frédéric Bastiat de s’illustrer en tant que porte-parole du libre-échange, car il devient à ce moment-là député des Landes. Il se situe alors au centre-gauche entre les monarchistes et les socialistes (aux côtés d’Alexis de Tocqueville).
Témoin des débats de son temps, il rappelle constamment à ses collègues les potentialités dangereuses et spoliatrices de la « fabrique de lois », qui favorise toujours certains au détriment des autres. Ses réflexions vont aboutir à l’écriture de La Loi qu’il écrit avant de mourir en 1850 d’une tuberculose.
La pensée de cet économiste mort il y a plus de cent cinquante ans n’a jamais été aussi actuelle à l’heure des résistances corporatistes aux traités de libre-échange et à la montée des velléités protectionnistes dans les démocraties occidentales.