J'ai commencé à remettre l'Histoire et son grand H en question il y a de cela bien longtemps. J'avais par exemple remarqué que les canons de la citadelle de la ville de Québec étaient pointés vers les habitations, et non vers le fleuve. Ça mettait à mal la charpie à cochons qu'on nous déversait dans les oreilles selon laquelle la citadelle avait été construite pour se protéger des attaques états-uniennes. Non, non, il n'y a pas de furoncle sur le front de l'Onc' Canada.
Ces derniers temps, quelques découvertes factuelles majeures ont achevé de déchiqueter complètement le torchon immonde qui sert depuis 150 ans de brouillon à ce que les satisfaits empoudrés des classes dominantes ont voulu faire passer pour le récit scientifique de notre passé commun. La mise au jour du site de Göbekli Tepe, des vestiges de Dacia, les dimensions du pyramidion de Khéops et les relations mathématiques entre les différentes cotes de construction de l'immense installation de Gizeh, les récentes datations des œuvres celtes et les découvertes de certaines infrastructures très avancées en Irlande à l'époque de l'antiquité, sans même parler de l'alignement de nombreux sites préhistoriques le long d'une bande très étroite ceinturant le globe ; autant de données empiriques tendant à mettre à mal l'histoire officielle, celle-là même dont les événements postérieurs aux attentats du 11 septembre 2001 nous ont appris à nous méfier.
Il appert donc que le roman élaboré d'un bout à l'autre de la planète et servi aux masses aveugles dès leur plus tendre enfance sert surtout à cautionner et asseoir dans sa pseudo-légitimité un empire bien contemporain et dont les agissements deviendraient rien de moins que des inévitables avancées d'un destin inéluctable et irrésistible, celui de l'éternel mouvement d'aspiration vers le haut des énergies, des ressources, des plaisirs, des espoirs, de la lumière et du bon droit. Ce destin est celui de la « civilisation », c'est-à-dire de la servitude de toute la matière connue dans l'univers face à la toute puissante cité. Cette cité est une sorte de métaphore dont les reflets miroitent du sommet de la pointe de la tour hiérarchique aux centièmes sous-sols de ses insondables racines sous-terraines. L'idée est reprise avec constance, cette idée de node aspirant la puissance et la canalisant vers le node supérieur, qui lui renvoie également vers le haut, jusqu'à ce que suprême étoile s'ensuive.
L'être humain se sait mortel, mais se soumet paradoxalement depuis des millénaires aux pressions absurdes exercées par une sorte de carcan désuet qui, lui, se targue d'immortalité. À quoi bon ? Par quel miracle, par quel subterfuge ? Je crois que l'être humain souffre depuis quelques milliers d'années d'une forte confusion qui l'amène à mélanger son désir reptilien et naturel d'aplanir la voie devant sa progéniture et ce hurlement strident de l'Ogre, qui réclame sans cesse tribut de manière à assurer sa pérennité. Des travailleurs se sacrifient donc pour enchaîner leurs enfants, des mères de familles se tuent à l'ouvrage en créant des prisons où pourriront les chairs de leurs chairs, et même, des milliardaires, des élois vivant en orbite au-dessus de la fange, perdent les précieux moments de leur passage sur Terre à piller leurs voisins, à voler leur pelage aux rats des champs, à faire pleurer les mouches pour revendre leurs larmes, alors qu'aucun obstacle matériel ne les empêcherait de rompre totalement avec l'abattoir pour profiter entièrement des nectars que l'existence elle-même pourrait leur offrir et ce, dans la plus complète gratuité.