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RENCONTRE AUTOUR DU FILM LES CHOSES SIMPLES (3) : Interview du comédien Lambert Wilson

Par Filou49 @blog_bazart
mardi 28 février

Troisième et derenière RENCONTRE AUTOUR DU FILM LES CHOSES SIMPLES en salles depuis presque une semaine : 

 -  5 questions à  l'immense comédien Lambert Wilson

 

Lambert Wilson Fab 1 (7)

Qu'est qui vous a plu dans le scénario des choses simples?

Lambert Wilson : Je m’y suis retrouvé tout de suite. Eric l’avait écrit pendant le confinement et il était le résultat de sa réflexion sur cette période si particulière, où, contraints à une réclusion qui nous éloignait artificiellement les uns des autres, certains - dont j’avais fait partie - ne rêvaient plus que d’amitié et de poignées de mains

. J’ai aimé le thème de ce scénario, qui est l’amitié, et aussi son ressort, qui est celui d’une comédie romantique : deux personnes qui se rencontrent sans l’avoir cherché et qui découvrent qu’elles sont nécessaires l’une à l’autre, sauf qu’en l’occurrence, ces deux personnes sont deux hommes, qui, malgré l’absence de relation amoureuse, vont quand même se subjuguer l’un l’autre.

Quand une comédie romantique est réussie, elle est un merveilleux moteur de film, et je trouvais que c’était le cas des Choses simples, avec la rencontre imprévue de ces deux types que tout oppose.

Avec l’époque que nous traversons, ce film fait plus que jamais écho à des questions que nous pouvons tous être amenés à nous poser : ma vie a-t-elle du sens ?

Lambert Wilson : J’ai moi-même traversé les mêmes questionnements que mon personnage dans le film. Ce questionnement continue à exister, à grandir, même. Ce désir d’autre chose, de fuite, est très présent en moi. Avec les récentes crises et guerres que nous rencontrons, ce film est encore plus contemporain que s’il était sorti il y a deux ans.

Ce personnage est intéressant car il joue perpétuellement – il est d’ailleurs tenté par la comédie, le théâtre – et propose sans arrêt des versions ambiguës de tout.

On ne sait jamais véritablement ce qu’il ressent. Est-ce qu’il joue ? Ou est-ce qu’il se cache ? En tant que comédien, c’est un numéro particulièrement technique, de jouer celui qui feint de jouer. 

4-LES-CHOSES-SIMPLES-©Cine-Nomine-Same-Player

Ce film raconte aussi l'histoire de la naissance d'une amitié, non?

Lambert Wilson : Oui disons que ce film raconte aussi le désir d’amitié. Le titre original était d’ailleurs “Un grand ami”. Et nous avions une telle sympathie l’un pour l’autre, en dehors des caméras, que je crois que cela se retranscrit à l’écran. C’est une sensation qui m’arrive assez peu, d’être entièrement à l’aise à l’idée de jouer avec quelqu’un. Un lien très fort s’est construit avec Gregory, en tout cas de mon côté, grâce à ce film. 

Comment vous vous etes entendus avec Gregory Gadebois?

Lambert Wilson  Superbement.. Mais vous savez, avant d’être un acteur, Grégory est d’abord un homme comme on n’en rencontre plus beaucoup : il est courtois et élégant, doux et attentif, avec tout le monde. Ce qui me touche le plus est son auto-détestation, qui n’est pas une posture. Il ne s’aime pas et a du mal avec son corps, ce qui se traduit chez lui par une grande fragilité.

Quant au Grégory comédien, il est unique. Dès qu’il arrive sur le plateau, en général très tôt le matin, il s’assied sur une chaise et, excepté quand il tourne, il n’en bouge plus jusqu’à la fin de la journée.

Sage comme une image pendant des heures, sauf si on lui déplace sa chaise, ce qui peut le faire grogner. Il m’a estomaqué aussi par son métier cinématographique. Il a notamment une connaissance incroyable de son visage, ce qui lui permet de contrôler au millimètre près chacun des petits muscles de ses paupières et de ses joues.

Mais Gregory,  c’est un gros bosseur. Il réfléchit, il prépare, il affine, et le moment venu, il joue avec une subtilité inouïe, simplement, sans jamais faire le malin, sans jamais être dans la démonstration et en entraînant son partenaire vers le meilleur. J’aimerais beaucoup rejouer avec lui.

11-LES-CHOSES-SIMPLES-©Cine-Nomine-Same-Player

Et quitter la ville pour la campagne, comme le fait le personnage de Gregory, c'est quelque chose qui me touche personnellement?

J’ai une anecdote à ce sujet… J’ai fait moi-même le choix de quitter la ville pour la campagne et d’habiter en Bourgogne, près d’une rivière. Sauf que cette rivière m’angoisse complètement.

Ceci étant dit, lorsque je ne travaille pas, je vais cultiver mon jardin. Au sens propre et au sens figuré ! Il y a encore une dizaine d’années, j’étais dans une ambition qui me faisait aller en Amérique tourner avec des gens du cinéma hollywoodien, selon des méthodes qui me rendaient très malheureux.

J’ai tout arrêté. Je crois qu’en faire et en vouloir trop, coupe du monde et rend hors sol. Je suis heureux d’avoir participé au film d’Eric. Son Vincent Delcourt est riche et puissant, mais seul et triste comme les pierres

. Puissent les spectateurs sortir en ayant envie de vivre comme son Pierre Vernant, en cherchant à « être » et non pas à « avoir ».

Pour moi Les Choses simples est un film essentiel.  

 

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Photo Fabrice SCHIFF

Merci Pathé Lyon 


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