Le pitch :
« Je l’affirme haut et fort : les mots peuvent tuer. »
Louise a quitté Toulouse pour une carrière loin des siens, à Singapour. En 2018, le jour de son anniversaire, alors qu’elle guette l’arrivée du premier texto, les mots de son père rompent la quiétude de la nuit. Liane, sa petite sœur, celle avec laquelle elle rêvait de parcourir le monde, a été retrouvée suicidée dans son studio.
Passé la déflagration de l’annonce, Louise n’a qu’une obsession : retracer les derniers mois de la vie de Liane pour comprendre ce qui l’a menée à ce geste définitif. Ce qu’elle va découvrir, jamais elle n’aurait pu l’imaginer.
Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. À partir d’archives policières et du journal intime de sa sœur, Louise a remonté le fil de la tragédie. Cette tragédie porte un nom : harcèlement scolaire.
Liane rêvait de devenir criminologue et écrivaine. Ce livre lumineux écrit à quatre mains, c’est le sien, Le Livre de Liane, pour dire la souffrance, les silences, la solitude. Célébrer aussi : la dignité et le sens du combat des victimes qu’on entend ici à travers sa voix.
Ce que j’en pense :
Le harcèlement scolaire est trop fréquent et il laisse des traces. Il pousse même un certain nombre de jeune gens à l’irréparable. Je ne l’ai pas connu et si ma fille aînée y fut confrontée, elle a eu le courage de nous en parler assez vite. On lui avait, comme à sa sœur, maintes fois dit que si un jour, un truc ne se passait pas normalement, il fallait en parler à un adulte. A nous, ses parents ou à toute autre personne pouvant l’aider. On a effectivement ouvert d’emblée cette possibilité car il est parfois plus simple, moins intimidant de se confier à un tiers. Le problème fut réglé en quelques semaines car tout le monde a pris les choses au sérieux. Nous avons eu de la chance.
Le roman d’Agathe Lemaitre témoigne que d’autres fois, c’est bien plus tragique.
Cet écrit traite d’ailleurs à mon sens plus du questionnement sur le mal être qui pousse la victime à ce geste ultime que sur le harcèlement proprement dit. Il traite également du deuil quasi impossible quand on n’a pas vu les signes avant-coureurs du drame.
Durant ma lecture, j’ai plus été prise par Louise que par Liane sauf quand celle-ci parlait des faits mêmes liés au harcèlement qu’elle a subi des années durant dans une indifférence qui faisait certainement plus mal encore que les brimades verbales, les railleries, les gestes déplacés, les messages insultants… Je pense qu’à un moment donné, il est impossible de se taire ou de ne pas intervenir. Cela peut prendre plusieurs formes et cette absence est assourdissante. Alors quid des autres élèves, adultes ?
Le style et la construction du roman est bien pensée. Elle laisse la possibilité d’entendre Liane, mais encore une fois, en dehors de certains passages évoquant les différentes phases du harcèlement, beaucoup des « extraits » de ses écrits ne sont pas assez forts. Ils ne m’ont pas permis de me sentir plus proche d’elle. Ils étaient pourtant dits plus personnels, moins directement liés à la narration des faits qui l’ont poussé au suicide. Certains m’ont même paru sans intérêt… Pourquoi ? Je ne saurai le dire.
Louise et son impossibilité de faire son deuil m’a touché aussi, mais ensuite, je ne l’ai plus comprise. Ses proches non plus, qui échaudés auraient dû intervenir dans sa propre chute.
Le final de l’ouvrage est… surprenant. Barré, mais pourquoi pas. C’est là que la fiction a le plus repris ses droits et c’est une idée.
C’est un livre important qui pourra parler à plus d’une personne. Je pense qu’il serait intéressant que les médiathèques ou les CDI des établissements scolaires en possède un exemplaire. C’est aussi typiquement le genre de texte contemporain que l’on peut étudier en classe français.