Ursula K. Le Guin a publié de la poésie de 1959 à 2016, mais peu de ses poèmes ont été traduits en français. Un recueil est annoncé pour avril 2023 aux Forges de Vulcain. Dans l’ouvrage publié par Hélios, La fille feu follet, on trouve une présentation de poèmes d’Ursula K. Le Guin par Aurélie Thiria-Meulmans, dont j’extrais les lignes qui suivent.
The Salt
The salt in the small bowl looks up at me
With all its little glittering eyes and says :
I am the dry sea.
Your blood tastes of me.
Le Sel
Le sel dans le petit bol lève vers moi
Ses innombrables yeux scintillants et dit :
Je suis la mer sèche.
Ton sang a mon goût.
Aurélie Thiria-Meulmans commente : « Là où l’humain dans la cuisine se croyait tout puissant, (…) il se révèle, au bout du compte, simple partie d’un grand tout ».
Autre poème :
I celebrate sagebrush,
scrub-oak, digger pine, juniper,
the despised and rejected
or grudgingly accepted
because nothing else grows here.
They’re the ones who won’t give in
to us, ornament our garden,
be furniture, or food,
and firewood only in a pinch
because nothing else grows here.
Je célèbre l’armoise,
le chêne de broussailles, le pin gris, le genièvre,
les méprisés, les réprouvés,
acceptés de mauvais gré
Car rien d’autre ne pousse ici.
Ils sont ceux qui ne lâchent rien,
ils n’ornent pas nos jardins,
ne seront ni meubles ni repas,
combustibles avec parcimonie
car rien d’autre ne pousse ici.
Aurélie Thiria-Meulmans commente : « Ce n’est pas au royaume des cieux, mais dans ce royaume de la terre qui est le nôtre que Le Guin attribue aux réprouvés ce territoire qui est le leur », c’est-à-dire « here, ici ».
J’attends maintenant d’en lire plus.