"Nous voulons juger de nous, nous en sommes trop près;
nous voulons juger des autres, nous en sommes trop loin.
Qui serait entre la Lune et la terre, ce serait la vraie place pour les bien voir.
Il faudrait simplement être spectateur du monde et non pas habitant.
si d'ailleurs nous habitions la Lune, nous imaginerions-nous bien qu'il y eût ici-bas cette espèce
bizarre de créatures qu'on appelle le genre humain?
Pourrions-nous bien nous figurer quelque chose qui eût des passions si folles, et des réflexions si sages;
une durée si courte, et des vues si longues, tant de science sur des choses presqu'inutiles et tant
d'ignorance sur les plus importantes; tant d'ardeur pour la liberté, et tant d'inclinaison à la servitude; une si forte envie d'être heureux et une si grande incapacité de l'être?
Il faudrait que les gens de la Lune aient bien de l'esprit, s'ils devinaient tout cela.
Nous nous voyons incessamment nous-mêmes,
et nous en sommes encore à deviner comment nous sommes faits.
Bernard de Bovier de Fontenelle extrait de:" Entretien sur la pluralité des mondes-Second soir que la Lune est une Terre habitée."
"Ne nous flattons pas d'assimiler les moeurs, les rêves, les actions des autres, mais au contraire réjouissons-nous de ne le pouvoir jamais, nous réservant ainsi la perdurabilité du plaisir de sentir le Divers."
Victor Segalen extrait de: "Notes sur l'exotisme"
"Celui qui habite une tour est un touriste."
"Dans le bus, un sexagénaire à l'allure classique se tourne vers sa fille et lui demande d'une voix innocente: "Dis-moi, ma chérie, ça veut dire quoi "chemsex"?
Silence dans les rangs, la fille rougit, on la sent très embarrassée. Le père attend...
Et la voilà contrainte, sous le regard ahuri des passagers de se lancer dans une explication pas simple sur la sexualité sous drogue, tandis que son paternel revient à la charge pour savoir ce qu'elle entend par "plug anal" et "GHB".
A ce moment, il devient évident que quelque chose s'est produit entre une information de départ, l'histoire d'un homme qui percute une voiture et plonge ses occupants-femme, homme, enfant- dans le drame, et ce qu'il en reste à l'arrivée: des avis nauséabonds sur l'homosexualité, des débats sur l'âme de foetus, des témoignages de gens qui ne connaissent ni la famille ni le conducteur, mais qui ont tous quelque chose à dire sur l'état psychologique des uns et des autres. Un véritable cas d'école qui pourrait illustrer, à lui seul, ce que devient le journalisme quand il court après les réseaux sociaux.
Et chacun de partir dans une chasse au témoin le plus spectaculaire, celui qui certes, n'aurait rien vu mais saurait tout.
Et hop! un expert à la spécialité floue qui affirme: je connais le conducteur, j'ai mangé un pot-au-feu avec lui et je le sentais sur le fil." Une autre qui dit: "Il s'est adonné à des orgies sous coke, c'est surement lié à son enfance." Un autre encore qui se définit comme "ex", tout en précisant n'avoir eu qu'une liaison dont la brièveté confine à la non-existence, confie: "Je ne veux pas dire de mal, mais c'est vrai qu'avant lui je n'avais jamais pris de drogue."
Tout ça a-t-il un rapport avec l'accident? Absolument pas, mais ça n'a visiblement aucune importance."
Tania de Montaigne " Franc Tireur" n°67
"Nous rêvons la terre que nous n'habitons pas."
" .../...D'ailleurs, elle n'est pas là
Mais dans la tête d'un fou
Qui s'prend pour un hibou
À regarder la nuit
Habillée de souris
Comme sa bonne amie
La Poésie .../... "