" La réussite, quand celle-ci est lointaine, a la beauté du rêve, mais dès qu'elle se trouve sur le plan des réalités, elle parait sordide et petite. "
Dans les années 30 le jeune Jean-Luc Daguerne, juste héritier de Rastignac, n'a qu'un idée en tête : réussir. L'époque n'est guère favorable à sa recherche, le travail manque pour assouvir ses ambitions personnelles, de fait, il espère atteindre les cercles du pouvoir par le biais d'un mariage avec Edith, fille d'un banquier. Son désir, la misère et la force de sa jeunesse le poussent en avant, mais une fois au sommet, son énergie restera-t-elle intact ?
Le désir, insatiable, se rappelle sans cesse à lui et si les illusions de la jeunesse lui laissent penser que le bonheur est au bout du chemin, il comprend au fil du temps que la réussite est fluctuante :
" Des succès partiels, empoisonnés par le doute de soi, l'amertume, l'envie, la peur, mais ces sensations aiguës que donne le triomphe, tout ce que ce petit José imaginait sans doute, cela, c'était des rêveries d'enfant. Il restait toujours quelque chose de plus à obtenir, quelque chose de plus rare, de plus difficile, d'inaccessible. Il restait les rivaux. Il restait la peur de l'échec." p139
Il n'aspire alors qu'à la paix et se laisse gagner par une passion amoureuse, qui là aussi, s'avèrera décevante. De chasseur, il devient proie, victime d'un sentiment fatal qui le ronge.
Ce roman remarquable sur le destin d'un arriviste voué à la désillusion n'est pas sans rappeler les romans de Balzac ou Stendhal. Les personnages sont tout autant incarnés, représentation fantomatique de types sociaux qui courent après un bonheur factice.