La fille feu follet, d'Ursula Le Guin (éd. hélios)

Ursula Le Guin, depuis plusieurs mois, peut-être plus d’une année, je m’étais promis d’en lire au moins un livre. C’est une nouvelle avec quoi je commence, publiée par Hélios dans un livre où l’on trouve aussi des poèmes, une interview, deux articles signés Aurélie Thiria-Meulmans, une analyse de la situation de l’édition qu’elle conclut ainsi : « C’est parce que vous pensez qu’en possédant l’édition, vous pouvez contrôler ce qui s’imprime, ce qui s’écrit, ce qui se lit ? Bah, bonne chance, mon capitaine. C’est une illusion fréquente chez les tyrans. Les écrivains et les lecteurs, bien qu’ils en souffrent, la contemplent avec mépris, moqueurs. »

La nouvelle qui ouvre ce livre nous introduit dans un monde, la Cité de la Terre, au-dessus de laquelle se tient la Cité du Ciel. Les humains sont répartis entre les hommes et les femmes de la Couronne, celles et ceux du peuple-Poussière, et la troisième catégorie sont des Racines. Entre ces trois groupes existe un jeu social d’alliances où tout se marchande, les esclaves et, surtout, les femmes. Pour conquérir les esclaves et les femmes, les hommes de la Couronne attaquent les nomades avec une terrible cruauté. Leur courage se limite à attaquer quand les cueilleurs sont sortis du camp et qu’il n’y reste que les vieillards et les enfants. Chez eux, on possède, on pratique la danse et on vénère quelques dieux au temple. Modh, la fille feu follet, échappe au rapt et à la tuerie commandés par Bela, mais ne veut pas perdre de vue sa soeur, et fera tout pour la protéger, y compris se marier. Ce qu’ont oublié ou ignoré ceux de la Couronne, c’est que des morts, s’ils ont un nom, et s’ils restent sans sépulture, deviennent des fantômes et hantent leurs proches. Et cela dépasse tout ce que cette société a mis en place, le système économique comme l’organisation du pouvoir.