Le Cameroun : les cicatrices du Commandement opérationnel toujours présentes 23 ans plus tard

Publié le 24 février 2023 par Tonton @supprimez

En février 2000, le président du Cameroun a signé un décret établissant le Commandement opérationnel (C.O) à Douala, la capitale économique du pays.

L’unité a été créée pour lutter contre le grand banditisme, mais elle est vite devenue une unité abusive, laissant derrière elle un trail de torture, de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires. Les habitants de Douala se souviennent encore des abus commis par l’unité C.O. 23 ans plus tard.

L’Esplanade Omnisport à Douala est le lieu où le Commandement opérationnel a tué trois jeunes hommes « innocents » le matin du 16 mars 2000. Certaines zones de la ville sont devenues des sites réguliers d’exécutions extrajudiciaires. Il y avait des descentes, de la torture, des traitements inhumains et des disparitions. On dit que le C.O. a tué environ 1 000 personnes en une année.

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La disparition de neuf jeunes hommes le 23 janvier 2001 a été le tournant. Le C.O. a accusé les hommes d’avoir volé une bouteille de gaz domestique, mais les familles ont estimé que les neuf avaient été exécutés par le C.O. Depuis lors, les familles et plusieurs organisations de la société civile ont demandé la vérité sur le sort des neuf, mais le gouvernement n’a donné aucune réponse.

Les organisations internationales de défense des droits humains ont également critiqué la gestion par le gouvernement des activités du C.O, et beaucoup ont demandé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour enquêter sur les allégations de violations des droits humains. Le Comité contre la torture de l’ONU avait recommandé que le gouvernement du Cameroun « envisage de démanteler les forces spéciales créées pour lutter contre le banditisme…, enquête avec vigueur sur les allégations de violations des droits humains et ordonne des enquêtes immédiates et impartiales ».

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Le procès de huit responsables de la sécurité qui étaient responsables de la disparition des neuf s’est terminé sans résultats concluants, et seuls deux d’entre eux ont été reconnus coupables de « violation d’ordres » et de « complicité de violation d’ordres« . Les familles des disparus n’ont toujours pas reçu de compensation. Le verdict du procès a déçu les observateurs internationaux, qui ont appelé à la responsabilité des officiers responsables de la « disparition » des neuf résidents de Douala.

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L’héritage du Commandement opérationnel au Cameroun est encore présent. Les cicatrices de la torture, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions de personnes accusées d’être des bandits se font encore sentir. Malgré les appels internationaux et nationaux à la justice, à la responsabilité et aux réparations, de nombreuses victimes n’ont pas encore obtenu justice. Le gouvernement du Cameroun devrait prendre des mesures pour remédier aux violations des droits humains commises par le Commandement opérationnel et veiller à ce que de tels abus ne se reproduisent plus.

TTSO / 237online.com

TagsCameroun Commandement opérationnel disparitions Douala Droits humains exécutions extrajudiciaires impunité