De nos jours, les coordonnées de notre instrument de paiement préféré sont enregistrées sur des dizaines de services, pour régler nos abonnements – plates-formes de vidéo à la demande, logiciels divers, magazines…, voire connexion internet, téléphonie… – comme pour nous simplifier la tâche avec nos achats récurrents – sites d'e-commerce en tout genre, VTC et taxis, parkings, bornes de recharge électrique… Hélas, le jour où il faut remplacer la carte, partout où elle est mémorisée, c'est le cauchemar assuré.
Il peut s'agir du renouvellement normal, à intervalle régulier, ou bien à l'occasion d'une perte ou d'un vol : en principe peu fréquents, ces événements a priori anodins se transforment rapidement en marathon, dans lequel il faut d'abord retrouver les usages en cours (ce qui a, en partie, inspiré la création de la « Control Tower » de Wells Fargo) puis procéder à la mise à jour, chaque fois différente. Il y a également le cas du changement de fournisseur, que vise plus particulièrement KnotAPI (dans sa communication).
Il est vrai que l'enjeu, dans cette circonstance, ne se réduit pas à exécuter une corvée inévitable. D'une part, la perspective d'avoir à transférer tous les engagements existants peut constituer un sérieux motif d'abandon, au détriment de la conquête de nouveaux clients. D'autre part, même après la souscription, les réticences à effectuer toutes les démarches rapidement risquent de limiter le niveau d'utilisation de la carte toute neuve, et donc d'affecter les revenus de son émetteur par rapport au potentiel réel du porteur.
Logiquement, KnotAPI se positionne de la sorte sur une promesse plus percutante de retour sur investissement direct. En effet, son produit, qui prend (évidemment) la forme d'une API, facile à intégrer par les banques, invite les nouveaux arrivants, moyennant consentement explicite, à lui déléguer l'intégralité des procédures de migration, en toute sécurité, auprès de centaines d'entreprises « digitales » parmi les plus populaires du marché (dont les incontournables Amazon, Starbucks, Walmart, Uber, Netflix…).
Peu de détails sont révélés sur le fonctionnement précis du système, mais il est probable que les commerçants soient coopératifs, puisqu'ils ont, eux aussi, tout à gagner à la fluidité des transitions, qui peuvent leur éviter de nombreuses désactivations de comptes pour cause de mode de paiement obsolète. Cet argument risque cependant de faire long feu avec une autre option que distribue la jeune pousse, qui vise à permettre aux consommateurs de résilier leurs abonnements depuis leur application bancaire.
En revanche, une capacité supplémentaire, lancée prochainement, ouvre une perspective plus intéressante (et plus originale). Considérant que les parcours d'inscription sur de nombreuses plates-formes sont souvent perçus comme lourds et rébarbatifs, l'idée consiste à insérer ceux-ci au cœur de l'environnement de la banque, avec l'immense avantage de pouvoir alimenter automatiquement toutes les données requises (qu'elle détient). Là encore, l'objectif est de maximiser les dépenses réalisées avec la carte.
En synthèse, KnotAPI s'inscrit dans une stratégie « beyond banking » tellement à la mode actuellement dans les institutions financières. Mais elle le fait dans une approche résolument atypique, et en même temps extrêmement pertinente, qui apporte une valeur manifeste à la fois aux utilisateurs finaux et aux partenaires, en optimisant leur expérience dans des moments clés. Enfin, elle accompagne le tout d'une piste de modèle économique relativement pragmatique et, en tous cas, facile à valider sur le terrain.