Sélection nouveautés poches ; février 2023

Par Filou49 @blog_bazart
jeudi 23 février

Les nouveautés livres de poche  sortent en nombre en ce début 2023.

Difficile de faire le tri dans cette multitude de parution.

Heureusement, on en a sélectionné trois pour vous , trois valeurs sures qui nous ont particulièrement épatés : 

1 Nom; Constance Debré ;J'ai Lu 

"  Dans la vie il y a ce qui entre et ce qui sort. Je crois que c'est ça que j'appelle les événements. Les entrées et les sorties. ca m'intéresse toujours. Pour que ca arrive les entrées et les sorties, pour que ca passe avec fluidité, il faut être léger au centre. No agenda. No Possession. Pas non d'opinions non plus, pas trop. Avoir un centre aussi léger que possible.Voire ne pas avoir de centre du tout."

Constance Debré, autrice de Play boy (Stock, 2018) et Love Me Tender (Flammarion, 2020)  fille de François Debré, la nièce de Jean-Louis et de Bernard, publie un nouveau récit en ce début d'année 2022 :  " Nom"!

Nom  est une ode à la liberté, une grenade dégoupillée où elle affirme plus que jamais son envie de rebellion et d'insoumission. 

Ce Nom, il faut l'entendre comme son identité mais aussi comme la négation. 

"Je suis née pour terminer un sale boulot, je dis sale mais je pense beau, un beau boulot, le plus juste, le plus moral, j’insiste, le plus moral, celui de détruire, de finir. »

Car Constance Debré poursuit ce qu'elle avait commencé dans ses premières autofictions, l'affirmation de son droit à tout refuser à savoir en premier chef l'autorité parentale, la transmission le domicile, la possession, la famille, l'enfance ...

 Nom, comme une déflagradation jetée sur sa famille, son milieu, le conformisme de la "saloperie de bourgeoisie".  

Comme à son habitude, la romancière de presque 50 ans livre un texte écorché comme des mots d'adolescents : un texte frontal, immersif, rythmé, frontal, intense, dans lequel Constance Debré nous livre l’évolution de son combat.

Un récit autobiographique décomplexé et libéré de toute forme de conformisme, provocateur parfois,  libérateur souvent.. 

Plus que jamais, le dévoilement du passé familial, issu de la grande bourgeoisie française qu’elle a elle-même subi s'offre comme une quête de soi et une quête de sens..

2. Mr Loverman, Barnardine Evaristo -10/18

Bernadine Evaristo avait épaté tous ceux qui s'étaient laissés tenter par  Fille, Femme, autre , lauréat du Booker Prize 2019. Elle est revenue l an dernier avec Mr. Loverman, désormais en poche 

Bernardine Evaristo explore la sexualité illicite, l’identité afro-caribéenne et la langue avec brio et sans jamais verser dans la victimisation.
 Racontée par un londonien de 74 ans et sa femme de 66 ans, âgée de 50 ans, ce roman brise pas mal de barrières.
À la fois comédie de mœurs et roman militant et experimental, Mr. Loverman frappe aussi par l’inventivité de son écriture qui passe du présent au passé, de la narration omnisciente au récit dialogué entre narrateur et personnage (de l’épouse),  et dévoile avec un humour parfois doux amer  le tableau d’un mariage malheureux prisonnier des conventions. Mr Loverman, Barnardine Evaristo 

Bernadine Evaristo avait épaté tous ceux qui s'étaient laissés tenter par  Fille, Femme, autre , lauréat du Booker Prize 2019. Elle est revenue l an dernier avec Mr. Loverman, désormais en poche 

Bernardine Evaristo explore la sexualité illicite, l’identité afro-caribéenne et la langue avec brio et sans jamais verser dans la victimisation.
 Racontée par un londonien de 74 ans et sa femme de 66 ans, âgée de 50 ans, ce roman brise pas mal de barrières.
À la fois comédie de mœurs et roman militant et experimental, Mr. Loverman frappe aussi par l’inventivité de son écriture qui passe du présent au passé, de la narration omnisciente au récit dialogué entre narrateur et personnage (de l’épouse),  et dévoile avec un humour parfois doux amer  le tableau d’un mariage malheureux prisonnier des conventions.

Au fil des pages,  la libération de Barry se fait dans une festival  d’esprit et de fierté plus ou moins  assumée.  

 3. L'empire de la poussière, Francesca Manfredi 10 18 ; 19 janvier 2023

"De tous les enfants de mon âge j avais la mère la plus jeune et souvent les professeurs ou mes camarades me le repetaient. On dirait ta grande sœur me disaient ils. Je ne trouvais pas. Je ne me rendais pas vraiment compte de sa beauté non plus : C était quelque chose à laquelle je ne faisait pas attention, une chose pas évidente : je n y pensais pas en la regardant."

Valentina a douze ans, une grand-mère pieuse et sévère, une mère sauvage, sublime et insaisissable.

Le père est absent la plupart du temps et se contente de faire des apparitions dans la vieille maison de campagne où les trois femmes cohabitent. Dans la région, la maison est surnommée « la maison aveugle » : ses murs sont épais et n'arborent que de rares fenêtres, ses fondations sont imposantes, elle est un empire de poussière qui semble exister depuis toujours.

C'est l'été 1996 et un événement décisif s'invite à la fête : le corps de Valentina change et tout autour d'elle semble vouloir crier le secret qu'elle a choisi de garder pour elle.

La mère et la grand-mère deviennent de plus en plus distantes et énigmatiques, tandis que la maison elle-même semble vibrer et s'animer d'étranges présages, au rythme du sang qui s'écoule de ses murs et des mystères qu'elle abrite.?

"Ce soir-là ma mère voulut aller au restaurant. Cela arrivait de temps en temps, quand mon père était encore là. Grand-mère ne venait jamais, sauf s'il y avait une raison valable- mon anniversaire ou l'anniversaire d'autres petits-enfants, un baptême ou une communion. Alors nous y allions souvent entre nous, et l'absence d'occasion particulière rendait la chose plus belle. 

Une nouvelle  et très intrigante voix de la littérature  italienne  est arrivée en France pendant l'hiver littéraire de 2021 : il s'agit de  Francesca Manfredi . Cette jeune romancière italienne nous proposait un formidable roman désormais disponible en poche; un récit d'apprentissage a priori classique mais dont les inspirations,  entre Goliarda Sapienza et William Faulkner, donnent une vraie plus value et une poésie , gothique, voire mystique, assez étonnante .

Dans ce récit à la fausse simplicité, l'auteur laisse par petites touches  deviner  les secrets et mystères qui hantent le lieu .

Une dimension biblique teinte avec finesse ce parcours initiatique de passage à l'age adulte d'une jeune femme entourée quasi exclusivement de figures maternelles fortes et un peu étouffantes.

Entre découverte de la sensualité et des premiers bouleversements hormonaux, et avec une nature qui ne cesse de surprendre, entre grenouilles et sauterelles envahissantes, "L'empire de la poussière" fait s'entrecroiser surnaturel et réalisme social avec une maîtrise qui force l'admiration.

Une plume assurément à suivre  !