J’avais publié l’année dernière un choix de haïkus de poétesses japonaises publiés dans la prestigieuse revue Ashibi, et extraits du livre La lune et moi chez Points. Vous pouvez retrouver cet article ici si vous le souhaitez.
Aujourd’hui, je complète donc ce panorama par un choix de haïkus écrits par des poètes masculins, et toujours extraits de ce même recueil.
Printemps
Prunier blanc en fleur –
La lumière du crépuscule
s’approche doucement
Shô Hayashi
*
Je ne veux pas encore vieillir –
Le tourbillon de pétales
enveloppe mon corps
Gorô Nishikawa
*
Des chats errants
courent comme des fous –
Fin des grands froids
Atsuo Nasu
*
Un premier papillon
hésitant
sur la paume du vent
Hisahiko Nagamine
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Été
Sur le point de tomber,
la pivoine
exhale un parfum plus tenace
Mikio Matsumoto
*
Un grand papillon noir
avec son ombre
toute sa courte vie
Ryôsuke Nonaka
*
Cent cercles
de tournesols –
La tête me tourne !
Sei’ichi Teshima
*
Des pattes du cafard
que j’ai manqué d’écraser
restent là
Tsutomu Fujino
**
Automne
Le chant du grillon
s’arrête net, l’obscurité
commence à bouger
Tsutomu Fujino
*
Les feuilles de ginko
tombent
en forme de clair de lune
Seishi Sagawa
*
Dans les bûches entassées,
les restes d’une jambe
d’un épouvantail
Ryôsuke Nonaka
*
Cueillette des champignons –
des voix d’hommes
au-delà du brouillard
Tsutomu Fujino
*
Grands ou petits
les chrysanthèmes
ni critiques, ni rivaux
Kazashi Kimura
*
Hiver
Derrière les feuilles rouges,
dans sa chute
le soleil flotte
Teihô Okada
*
Dernière nuit de l’an,
à cet âge
jamais atteint par mes parents
Kunio Satô
*
Un martin-pêcheur
brise son ombre pour pêcher
dans l’eau hivernale
Teihô Okada
*
J’attends le printemps
le printemps, là,
dans mon cœur
Kitô Akiyoshi
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