Arnaud Desjardins, La Voie et ses Pièges, chapitre La Condition Sine qua non :
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« Depuis vingt ans que je suis sur le chemin … » Au lieu de tenir ces propos désabusés, ayez le courage de vous poser les vraies questions. Combien de minutes avez-vous réellement pratiqué ? Qu’en est-il de ce « you, yourself », cette « presiding deity » de Swâmiji, ou cet habile conducteur de char tenant les rênes de tous les chevaux et que mentionnent autant Platon que les hindous ?
Pour l’instant cette vigilance est encore intermittente : c’est une lampe qui s’allume, qui s’éteint, qui se rallume, la lampe de l’attention, la lampe de la conscience lucide et c’est à vous d’actionner l’interrupteur. Tout le reste, ce n’est pas le chemin. Deux minutes, cinq minutes, dix minutes de cette vigilance active déposent leur fruit en vous et, un jour, l’accumulation de vos efforts cristallise. Alors il y a vraiment possibilité de parler, d’échanger, d’entendre. Qui ai-je en face de moi quand vous me posez une question ? VOUS ou juste un état d’âme momentané et un fonctionnement mécanique des pensées ? Je ne peux parler valablement qu’au disciple, pas à l’amoureux fou ou au divorcé haineux, ni au désespéré qui répète inlassablement que le monde est injuste. Le disciple a entendu, compris et vu quelque chose de plus. Il va pouvoir mettre enfin l’enseignement en pratique, il gagne en pouvoir, en habileté, en savoir-faire sur vos fonctionnements.
Les fonctions sans la conscience, la conscience au vrai sens du mot, c’est le déroulement ordinaire des existences, plus ou moins pitoyables, plus ou moins brillantes ; la méditation pure, c’est la conscience sans les fonctions ; et l’existence digne d’un homme ce sont les fonctions intellectuelle, physique, émotionnelle, plus la conscience. Ce surcroît de conscience est la condition sine qua non de toutes les voies. »
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