Tim Essonne 2023 : Ksenia Efremova en terrain conquis

Créé en 1983 sous l'impulsion de Jean-Paul Loth et d'Albert Guilbert, qui étaient respectivement directeur technique national et président de la ligue de l'Essonne, le Tim Essonne n'a cessé de grandir pour devenir au fil du temps l'une des compétitions de tennis internationale les plus prestigieuses au monde. Richard Gasquet, Rafael Nadal et Andrey Rublev s'y sont imposés, de même que Martina Hingis et Elena Dementieva. Dans un passé plus récent, des joueuses comme Marketa Vondrousova, Qinwen Zheng et Linda Noskova ont inscrit leur nom au palmarès de cette épreuve qui fête cette année ses quarante ans et dont le premier tour du tableau principal doit débuter le 20 février. Parmi les soixante-quatre joueuses qui vont se disputer la victoire figure quelqu'un que l'on commence à bien connaître sur le circuit Junior européen et dont le nom à lui seul fait trembler la concurrence, celui de Ksenia Efremova. À pas encore quatorze ans, la jeune russe de l'académie Mouratoglou arrive à Sainte-Geneviève-des-Bois en tant que tenante du titre et bien déterminée à le conserver, ce qui ferait d'elle la première joueuse à réaliser pareil exploit depuis Daria Gavrilova en 2007. Ksenia Efremova a tout pour elle, le talent, l'audace, l'abnégation, la ténacité et la précocité qui font d'elle la joueuse que tous les passionnés de tennis ont envie de voir au moins une fois dans leur vie. Après une année 2022 en tout point remarquable, qu'elle avait conclu de la plus belle des manières en gagnant le Masters Européen Juniors à Monte-Carlo, la russe avait pour ambition de commencer 2023 en gagnant enfin le tournoi dans lequel elle avait échoué à deux reprises, les Petits As. Sa compatriote Anna Pushkareva en décida autrement en la dominant largement en demi-finales. Efremova arrive donc au Tim Essonne dans des conditions très particulières, entre l'envie de bien faire pour garder sa couronne et la pression d'une championne qui sait qu'elle est attendue après sa cruelle déconvenue à Tarbes, la question étant de savoir si elle va parvenir à oublier cette défaite pour mieux se concentrer sur son nouvel objectif. La russe de treize ans est donc en position de force mais, pas imprenable. De qui va-t-elle devoir se méfier ?
Anna Pushkareva étant absente, le danger pour Ksenia Efremova pourrait bien venir d'autres joueuses originaires comme elle de Russie, à commencer par Mariia Makarova. La jeune moscovite née en 2010, qui remporta la Soul Cup à Istanbul en septembre dernier, est après tout la finaliste de la précédente édition du Tim Essonne au cours de laquelle elle s'était offerte successivement Giulia Safina Popa, Luna Vujovic et Mia Pohankova, avant qu'Efremova ne la fasse plier en finale. Cependant, elle arrive cette année dans le tournoi dans une position nettement plus inconfortable puisqu'elle doit d'abord passer par les qualifications si elle veut obtenir sa place dans le tableau principal. Voilà sans doute pourquoi l'autre russe du tournoi, Aleksandra Khomitskaya, moscovite elle aussi, semble plus dangereuse pour freiner les ambitions de la tenante. Khomitskaya et Efremova ne sont affrontées qu'une fois en compétition officielle. C'était très récemment, le 25 janvier dernier pour être précis, au second tour des Petits As, avec à la clef une victoire en deux manches pour la seconde. Aleksandra Khomitskaya a néanmoins mieux débuté l'année que sa compatriote en inscrivant son nom au palmarès du tournoi Tennis Europe U14 de Marcq-en-Barœul il y a un mois. Dans son élan, elle pourrait très bien confirmer sa forme du moment sur le sol français.
Si d'aventure aucune russe ne parvenait à ses fins, la raison pourrait très bien venir d'autres joueuses qu'il va falloir surveiller avec attention. Antonia Stoyanov en fait partie, elle qui fut justement finaliste à Marcq-en-Barœul contre Khomitskaya et que l'on vit atteindre en 2022 la finale de la Slinger Cup et de la Varna Cup. La néerlandaise va donc arriver logiquement avec quelques ambitions à Sainte-Geneviève-des-Bois pour ce qui pourrait être une première victoire de référence sur le sol européen. Une victoire à laquelle voudra sans doute goûter Gloria Pop. La jeune roumaine native de Cluj-Napoca possède quelques références intéressantes, notamment une victoire en septembre dernier au tournoi U14 de Humenne, en Slovaquie, à laquelle on peut ajouter un brillant parcours au tournoi Juan Carlos Ferrero à Villena, où elle a tracé sa route jusqu'en finale en étant surclassée chez les seize ans. Un tournoi de cette catégorie n'aurait pas la même valeur sans la présence des tchèques. Elles sont là, bien entendu, même si elles apparaissent en sous nombre, Sara Oliveriurosa, dixième au classement européen chez les quatorze ans et moins, étant la seule de son pays à figurer dans les entrées directes en l'absence d'Alena Kovackova qui a préféré s'aligner la semaine prochaine au tournoi du Caire, un des très gros rendez-vous de la saison sur le circuit Juniors. Victorieuse du double aux Petits As avec sa partenaire Lucie Slamenikova, lauréate en 2022 des tournois de Liberec, Prague et Jablonec (compétition qu'elle a remporté aussi bien en moins de quatorze ans qu'en moins de seize ans), elle va probablement hériter du rang de tête de série n°2 au Tim Essonne et devrait être l'une des principales adversaires de Ksenia Efremova.
Les françaises auront-elles leur mot à dire ? Il y a trois ans, Shanice Roignot, qui a remporté deux tournois J60 cette année, était sortie de nulle part alors qu'elle pointait à la 135e place européenne. Elle avait battu la russe Mirra Andreeva en demi-finales avant de se défaire de la tchèque Lucie Urbanova en finale. Une surprise est donc possible pour l'édition 2023 même s'il faut être réaliste. Notre réservoir de jeunes talents composé de Malou Saivaus, Chloe Derrien ou Elisa Rohrbach aura bien du mal à rivaliser face à l'armada en provenance d'Europe de l'est. Rendez-vous est pris dès la semaine prochaine pour le début des hostilités.