Sorti en toute discrétion aux États-Unis il y a quelques mois, le film a récemment fait parler de lui en raison de la performance remarquée de sa comédienne principale, qui lui a d’ailleurs valu les louanges de plusieurs stars de l’industrie sur les réseaux sociaux (Gwyneth Paltrow et Edward Norton notamment). De quoi (re)mettre en lumière le long-métrage et surtout propulser Andrea Riseborough dans la course à l’Oscar de la meilleure actrice.
Un Oscar qu’elle n’aura pas volé, si d’aventure elle venait à remporter la précieuse statuette, tant sa prestation est éblouissante dans la peau de cette mère alcoolique rongée par les remords. D’une authenticité bouleversante, l’actrice britannique compose en effet un personnage incroyablement touchant, capable dans une même scène de susciter des émotions diamétralement opposées avec la même sincérité. Une sincérité qui transparaît d’ailleurs en permanence à l’écran puisque malgré l’engagement physique impressionnant de l’actrice, il se dégage de son interprétation un naturel désarmant, bien loin du cabotinage qu’on aurait pu craindre d’un tel personnage (accent texan prononcé, coups de sang répétés…). Autant d’éléments qui permettent en définitive à Andrea Riseborough de complètement s’effacer au profit de Leslie. Même si cette dernière éclipse fort logiquement le reste du casting, on appréciera néanmoins la justesse de l’ensemble des seconds rôles, Marc Maron en tête.
Aussi admirable que soit la performance d’Andrea Riseborough, elle n’efface toutefois pas les quelques faiblesses du long-métrage. En particulier son scénario qui, malgré sa sobriété louable, ne brille pas forcément par son originalité. Hormis l’une ou l’autre exception, le récit emprunte effectivement un parcours de rédemption globalement balisé. Il en découle dès lors un film, certes efficace dans sa progression, mais aussi extrêmement prévisible. Non pas que ce soit gênant pour apprécier l’expérience proposée, mais celle-ci aurait certainement gagné en qualité à se détacher davantage du chemin habituel. Cela étant, s’appuyer avant tout sur la puissance dramatique de ses acteurs est plutôt typique du cinéma indépendant. Et Dieu sait que cela se comprend au regard d’une telle performance. En outre, si le propos n’est pas particulièrement novateur, le soin apporté au traitement a tout de même le mérite d’amplifier son intensité.Porté par une Andrea Riseborough en état de grâce, To Leslie est donc un drame indépendant d’une authenticité bouleversante. A travers le parcours de rédemption de cette mère alcoolique rongée par les remords, le film nous donne à voir ce que l’humain a de plus sombre en lui, mais aussi de plus beau. Une oeuvre imparfaite mais poignante !