Aller regarder ce qui se passe juste sous la peau pourrait permettre de surveiller un grand nombre de marqueurs de santé, de manière aussi efficace, peut-être, qu’un bilan sanguin. En d’autres termes, le liquide interstitiel pourrait remplacer le sang pour de multiples diagnostics, conclut cette équipe de biologistes et de bioingénieurs de l’Université de Cincinnati (UC), spécialisée dans les technologies portables. Une nouvelle technique, présentée dans la revue Nature Biomedical Engineering
Ces dernières années, le liquide interstitiel, le liquide aqueux qui se trouve entre et autour des cellules, des tissus ou des organes du corps, a été documenté comme un fluide ou biopsie liquide pouvant ouvrir le diagnostic précoce de certaines maladies.
Des avantages et des défis technologiques de l'utilisation du liquide interstitiel
« Nous considérons le liquide interstitiel comme un fluide de diagnostic précieux, auquel nous pouvons avoir un accès en continu. Ce qui n’est pas le cas du sang, qui ne permet pas de lectures continues », résume Mark Friedel, l’un des auteurs principaux, chercheur à l’UC.
Mieux que le sang et que la sueur : le liquide interstitiel répond parfaitement au besoin d’alternatives d’analyse en continu et on invasives pour le diagnostic, la surveillance de la santé et même l’évaluation du bien-être d’une personne. Comme la sueur, c’est un bon moyen de mesurer certains marqueurs de stress ou d’anxiété via l’évaluation des niveaux de certaines hormones comme le cortisol. Avec une limite pour la sueur :
« Les glandes sudoripares sont de gros filtres qui ne laissent pas tout passer ».
Si aujourd’hui, le sang reste l'étalon-or pour la surveillance de la santé, chaque personne a aussi des litres de liquide interstitiel qui peuvent être analysés -qui représentent jusqu'à 15 % de leur poids corporel. Et le liquide interstitiel contient bon nombre des mêmes composants chimiques que le sang, et dans les mêmes proportions, offrant ainsi une alternative avantageuse.
Ces travaux décrivent les protocoles par lesquels les médecins et les techniciens peuvent prélever du liquide interstitiel, de l'application d'une aspiration sur la peau au déploiement de la microdialyse. Si ces protocoles semblent simples à première vue, cet usage diagnostique du liquide interstitiel va se heurter aux pratiques et aux habitudes de diagnostic actuelles basées des prélèvements sanguins ainsi que sur un personnel formé et qualifié pour les analyses de sang. Ainsi, si ces dernières années, l’intérêt pour l'utilisation du liquide interstitiel s’est révélé croissant, les pratiques diagnostiques et les protocoles en biologie pourraient encore mettre des années pour évoluer.
Le patch micro-aiguilles : à l'UC, une équipe de chercheurs et d’étudiants développent des capteurs pour mesurer les hormones et d'autres produits chimiques dans le liquide interstitiel. Ils utilisent des micro-aiguilles de moins de 1 Dmillimètre de long qui transpercent la peau à travers un minuscule patch. Les patchs micro-aiguilles qui ont également retenu une grande attention des chercheurs ces dernières années, dans le diagnostic, mais aussi le traitement de certaines plaies ou maladies.
Des patchs micro-aiguilles qui ont également fait de grands progrès, « la partie la plus inconfortable restant juste le retrait de l’adhésif qui maintient le patch en place ».
Vers une biosurveillance continue : les patchs, en permettant une évaluation continue, évitent un obstacle majeur des tests sanguins : « chaque fois que vous essayez de collecter le sang, vous modifiez intrinsèquement le fluide lui-même. En « enfonçant une aiguille dans la peau, se produit immanquablement une inflammation qui impacte certains résultats ».
En conclusion, ces travaux réaffirment les promesses du liquide interstitiel pour surveiller la santé via des technologies portables. Cela pourrait aider les médecins à suivre l'efficacité des médicaments pour assurer un dosage approprié ou permettre un diagnostic plus précoce des maladies en surveillant le système immunitaire.
Source: Nature Biomedical Engineering 19 Jan, 2023 DOI: 10.1038/s41551-022-00998-9 Opportunities and challenges in the diagnostic utility of dermal interstitial fluid
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