Une bio pleine de respect et de tendresse qui met en avant les difficultés du créateur pour exister dans le monde de la BD belge, à côté de l’impérium de Georges Rémi - qui exploite à fond son talent - et du journal de Tintin.
Ce n'est pas la première biographie de ce maître de la ligne claire.
Je connaissais naturellement l’autobiographe de Jacobs « Un opéra de papier » paru en 1981 chez Gallimard, sa vocation contrariée de baryton professionnel, ses premiers déboires amoureux, son pessimisme latent, son acharnement à documenter ses œuvres et à en peaufiner les détails.
Edgar, un artiste modestement flamboyant qui n’aspire qu’à être reconnu … toujours en retard par perfectionnisme, fidèle en ses amitiés, constant dans ses fantasmes archéologiques et scientifiques, fan des estampes d'Hiroshige et qui continue toujours à susciter des fans à l’époque du triomphe des mangas. On y souligne ici ses angoisses et ses multiples cauchemars.
La bonne idée de cet ouvrage – au plan très chronologique - est d’avoir choisi un style graphique qui s’apparente à l’univers de Jacobs sans en copier totalement les codes, réservés aux continuateurs bienvenus des nouvelles aventures de Blake et Mortimer.
Bien entendu, sa lecture est plus facile lorsqu'on a en tête tous les albums créés par ce maître aujourd'hui incontesté de la "ligne claire".
Le sens du détail dans les paysages et une savante mise à la couleur (Benoit Bekaert) sont naturellement de rigueur.
Une dernière découverte pour moi : le personnage ayant inspré le traitre absolu Olrik n'est autre qu'Henri Quittelier, premier mari de Jeanne, la délicieuse seconde épouse d’Edgar P. Jacobs …
Edgar P. Jacobs, le rêveur d’apocalypses, biographie par François Rivière et Philippe Wurm, édité chez Glénat, 146 p., 25€